L’agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) vient de donner un avis favorable à Monsanto, pour le renouvellement de l’autorisation de culture commerciale de son maïs MON 810, actuellement suspendue en France et dans 5 autres pays européens. Une décision bien entendue vivement dénoncée par les écologistes.
Pour le collectif France Nature Environnement, « que l’EFSA renouvelle un avis favorable au MON 810 ? et aux OGM en général ? n’est pas étonnant mais scandaleux ». Selon FNE, ce n’est pas étonnant compte tenu de la constance avec laquelle l’EFSA rend des avis sur les OGM (depuis sa création, 42 avis, tous positifs), sans jamais remettre en cause les lacunes scientifiques, pourtant élémentaires, des dossiers de demandes d’autorisations proposés par les firmes. C’est même scandaleux car le fonctionnement de cette agence d’expertise donne raison à ceux dénonçant l’opacité de la machinerie européenne, avec de fait un déni de démocratie à porter à son passif.
Le FNE rappelle qu’à deux reprises, le Conseil européen des ministres de l’environnement s’est prononcé pour que soient « renforcées et harmonisées les méthodes d’évaluation des risques des OGM en Europe ». Pour les écologistes, « le plus choquant est de constater que les avis sont rendus sur l’examen du dossier présenté par le fabricant de l’OGM expertisé et non de contre-expertise ».
Une question écrite, de la député européenne Monica Frassoni, suite à une sollicitation de FNE et du GIET (Groupement international d’études transdisciplinaires), n’aurait toujours pas obtenu de réponse malgré un courrier la soutenant de la part du MEEDDAT, alors qu’elle porte sur la fiabilité des tests de toxicologie. Selon FNE, pour justifier d’une autorisation, ces tests doivent permettre de rejeter l’hypothèse de toxicité d’un produit, et d’autre part, justifier de leur puissance statistique, que les écologistes jugent « notoirement reconnue insuffisante ».
Ligne rouge franchie
Pour Lylian Le Goff, en charge du dossier OGM pour FNE : « L’EFFSA vient de franchir la ligne rouge pour rendre un avis favorable à cet OGM en totale contradiction avec les règles élémentaires du raisonnement scientifique et en donnant priorité à la firme Monsanto avant de le rendre pubic, oubliant ainsi qu’elle est au service de l’intérêt général ! Un tel constat devrait impliquer une enquête parlementaire européenne sur le fonctionnement de l’EFSA et la validité de ses avis, ainsi qu’une profonde réforme portant sur la sélection des experts, les protocoles d’évaluation des risques environnementaux et sanitaires tenant compte notamment des liens étroits entre OGM et pesticides, avec aussi une évaluation des risques socio-économiques liés à leur utilisation. »
Même critique chez Corinne Lepage, eurodéputée : « je ne suis pas étonnée de la position de l’EFSA qui, constamment, s’est prononcée en faveur des OGM et qui ne veut pas se désavouer. Il faudra que la question de la responsabilité de chacun des membres du panel puisse être évoquée si d’aventure, et contrairement aux informations non étayées, un risque pour la santé s’avérait établi. »
Ecouter l’opinion publique
Selon la présidente de CAP21 « De manière plus générale, il est temps que la Commission et en particulier son Président qui cherche aujourd’hui à tout prix à se faire reconduire, commence à écouter l’opinion publique européenne. S’il l’avait fait, l’abstention aux dernières élections n’aurait peut être pas atteint les records que nous avons connus. »
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