Un communiqué de l’organisation écologiste Greenpeace révèle que la Commission européenne serait sur le point d’autoriser une pomme de terre OGM, l’Amflora, élaborée par le chimiste allemand BASF. Il s’agirait de la première autorisation depuis le maïs Mon 810 en 1998.
Si une majorité des ministres de l’agriculture des pays membres de l’Union se sont pourtant prononcés contre, lundi à Bruxelles, la majorité qualifiée n’a pas été atteinte. Greenpeace déplore que les gouvernements élus se déchargent une fois de plus de leur responsabilité au profit de la Commission. 6 pays se sont abstenus, 11 ont voté contre et 10 pour l’autorisation de mise en culture de la pomme de terre OGM de l’industriel allemand BASF… Faute de majorité dans un sens comme dans l’autre, la décision va donc revenir à la Commission.
« Nous déplorons une fois de plus cette procédure biaisée : à chaque fois la Commission européenne dit oui en se basant sur l’avis de l’autorité européenne de sécurité des aliments » déclare Arnaud Apoteker de Greenpeace. « Les ministres fuient leur responsabilité alors que les opinions publiques européennes sont majoritairement opposées à l’invasion des cultures et des produits OGM »
Le gouvernement français s’abstient
En s’abstenant, le gouvernement français a permis d’éviter que la pomme de terre soit adoptée immédiatement par le Conseil des ministres, mais a fait l’autruche, fermant les yeux sur les 86% de français hostiles aux cultures d’OGM.
La pomme de terre BASF contient un gène de résistance à la néomycine et à la kanamycine, des antibiotiques réservés au traitement des infections aigües. «La résistance accrue des hommes et animaux aux antibiotiques est un grave problème médical. Utiliser des gênes résistants alors que ce n’est pas indispensable est tout à fait irresponsable» poursuit Arnaud Apoteker.
Une utilisation limitée
Contrairement aux affirmations de la Commission, l’utilisation de cette pomme de terre ne sera pas qu’à seule fin de production d’amidon pour l’industrie du papier. Certains résidus pourront servir à l’alimentation animale. Dans sa demande d’autorisation, BASF n’exclut d’ailleurs pas que cet OGM puisse être utilisé ou présent dans l’alimentation.
« En autorisant pour la première fois une pomme de terre OGM, la Commission va faire un pas de plus vers l’irréparable. Comme pour le maïs, le risque de contamination des cultures conventionnelles et biologiques, et donc de passage dans la chaîne alimentaire, ne peut être écarté » conclut Arnaud Apoteker.
« Aucun risque » pour Stavros Dimas
« Il n’y a aucun risque à utiliser cette pomme de terre. Dans ce cas précis, les preuves scientifiques sont irréfutables », a indiqué Barbara Helfferich, la porte-parole de Stavros Dimas, le commissaire chargé de l’Environnement. L’Efsa (Agence de sécurité européenne de la sécurité des aliments) a été consultée en février 2006 et jugé la pomme de terre sans risque.
La Commission souhaite favoriser le développement des cultures génétiquement modifiées. Pour répondre aux pressions de l’exécutif communautaire, l’Union européenne s’est récemment dotée d’un dispositif réglementaire pour autoriser ces cultures, tout en garantissant leur transparence et leur innocuité. La Commission européenne doit jongler entre une opinion majoritairement hostile aux OGM et des plaintes internationales notamment de l’OMC qui dénoncent notamment le moratoire décidée entre 1998 et 2004.
Commentaires récents