Sophie Mauvillain, adjointe au directeur de projet Isséane au Syctom. Isséane est le nouveau centre de tri et de valorisation des déchets ménagers d’ Issy-les-Moulineaux.
L’implantation d’Isséane a -t-elle été bien perçue par les riverains du site ?
Je pense que oui. L’avantage de notre projet par rapport à d’autres est que l’on reconstruit une usine existante. Il est beaucoup plus difficile de construire une nouvelle usine sur un terrain neuf. En ce qui nous concerne, nous avons remplacé une vieille usine qui date de 1965, par un équipement ultra moderne.
Cette vieille usine était très marquante dans l’environnement et on vient la remplacer par un projet architectural très soigné, avec un bâtiment qui ne dépasse pas de plus de 21 mètres le terrain naturel. Le bâtiment n’aura pas de cheminée, et on n’aura pas de panache. Le bâtiment ne ressemble donc pas à une usine. On a tout fait pour que l’intégration environnementale et architecturale soit la meilleure possible.
De plus, on a mis en place sur ce projet quelque chose d’assez innovant qui à mon sens n’existe pas sur d’autres projets de ce type, ce sont des « sentinelles ».
En quoi consistent ces « sentinelles » ?
Les sentinelles sont des représentants de la population classés selon deux types : les représentants des riverains et des représentant des entreprises.
Ces sentinelles nous permettent donc de disposer de relais d’information.
L’information circule alors dans les deux sens : tout d’abord, nous réunissons nos sentinelles très régulièrement tous les trimestres afin de leur exposer l’état d’avancement du chantier, les grosses étapes à venir.
Ensuite, étant donné qu’il s’agit le plus souvent de personnes qui sont soit dans des comités de quartiers ou soit dans des comités d’entreprise, elles nous font remonter les remarques de leurs concitoyens.
Sont également présents au cours de ces réunions trimestrielles, les services techniques et les représentants d’élus de la communauté d’accueil, à savoir Issy-les-Moulineaux, et depuis peu la communauté d’agglomération Arc de Seine, à qui la commune d’Issy-les-Moulineaux a délégué toute la partie « environnement » de sa commune.
Les sentinelles intervenant dès le démarrage du chantier, le Syctom a pu réagir aussitôt. Par exemple, il s’agissait au départ de problèmes de poussières. Nous avons donc mis en place un système d’arrosage sur le chantier pour éviter l’envol des poussières.
Cette volonté d’intégration environnementale a forcément un coût ?
Le surcoût de l’intégration environnementale du bâtiment s’élève à plus de 30% du montant total du projet qui est de 540 millions d’euros HT.
Les dépenses liés aux aménagements paysagers, à la prévention contre le bruit et la pollution atmosphérique, à la dépollution des terres et au choix de mode de transports alternatifs à la voie routière sont estimées à 190 millions d’euros.
Votre démarche environnementale ne s’arrête pas qu’à l’intégration du bâtiment ?
Non, nous avons également une démarche de développement durable.
Nous avons par exemple eu beaucoup recours à la voie fluviale au cours du chantier. On a ainsi évacué toutes les terres non polluées du site par la voie fluviale ce qui a évité la circulation de 56 000 camions sur les routes franciliennes.
Nous avons également amené les gros équipements par ce biais, ce qui a permis l’économie de 280 convois exceptionnels.
La voie fluviale restera par la suite une voie alternative qui sera utilisée au cours de l’exploitation du centre puisque l’évacuation des mâchefers, les résidus de l’incinération, se fera par barge.
Et en ce qui concerne les différentes émanations émises par l’usine ?
Il y aura des fumées mais il n’y a pas de panache. Cela signifie qu’il existe des fumées, avec des normes de rejets qui sont très poussées, mais les gens ne verront rien.
Nous avions anticipé au moment de l’appel d’offre pour le traitement des fumées, sur la directive européenne de 2002. Nous aurons des rejets en atmosphère qui seront d’ailleurs, encore inférieurs à ce que prévoit cette nouvelle directive. La technique choisie, de traitement sec, favorise la disparition du panache.
Au niveau des odeurs, une mise en dépression de la fosse d’ordures ménagères permet d’évacuer l’air vers les fours afin qu’il serve d’air de combustion. Les odeurs sont donc détruites par la combustion.
La démarche HQE entreprise vaut donc pour l’ensemble des installations ?
Elle est pour l’ensemble du projet : aussi bien pour le bâtiment qui fait façade sur le quai Roosevelt – qui abritera les bureaux et les vestiaires sanitaires – que pour le centre de valorisation qui se situera quant à lui dans un bâtiment derrière.
Le projet comprend deux zones paysagères importantes. Sur le centre de tri enterré à moins 15 mètres, il existe en surface une vaste zone pour réaliser un parc paysager.
De même la zone entrée-sortie est aménagée avec des pergolas, et des jardinières, et dans la continuité , des jardinières sont mises en hauteur sur le bâtiment principal, avec des arbres, et une toiture végétalisée pour le grand bâtiment de 21 mètres de hauteur.
Pourquoi ce choix d’Issy les Moulineaux ?
Issy-les-Moulineaux a été retenue parce que nous avons une logique de bassin versant au sein du Syctom ( nous avons également deux autres installations de valorisation énergétique à Saint-Ouen et à Ivry).
L’objectif était donc de rester au c?ur du bassin versant de production des ordures ménagères, et de trouver un terrain qui peut être desservi à la fois par la voie fluviale, ferroviaire et par la route. Ainsi, le terrain choisi est en bordure de Seine et également bordé par la voie SNCF.
On voulait aussi pouvoir raccorder un réseau de chauffage urbain afin de valoriser l’énergie produite par la combustion des ordures.
Vous avez également élaboré une Charte de qualité environnementale ?
Cette charte a été élaborée avec la mairie d’Issy-les-Moulineaux, et signée en décembre 2000.
Il s’agit pour nous d’un garant de qualité par rapport notamment à l’environnement du chantier. Elle détermine un certain nombre d’exigences du chantier et prévoit la réunion d’un comité tous les trimestres pour regarder différents indicateurs comme l’impact visuel, les poussières, le nettoyage, le stationnement. Ces indicateurs sont renseignés régulièrement sur le site internet du Syctom.
Enfin, à quand la mise en service ?
L’usine sera opérationnelle avant la fin de l’année. Elle devrait traiter les déchets de 22 communes du sud-ouest parisien, quelques arrondissements de Paris, des communes des Hauts-de-Seine, 3 communes des Yvelines, soit l’équivalent d’un million d’habitants. On entre bien dans la logique de proximité souhaitée par le Syctom, qui souhaite que ses installations de traitement soient situées dans son territoire.
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