Lundi, en raison de violations de la réglementation sur l’environnement, le Kazakhstan a annoncé la suspension des travaux du consortium d’entreprises dirigé par ENI sur le gisement de Kashagan, à l’ouest du pays.
Kashagan est la plus importante découverte pétrolière réalisée ces trente dernières années. Au minimum, le gisement contiendrait des réserves exploitables de sept à neuf milliards de barils de brut et des réserves géologiques de 38 milliards de barils.
« Nous avons fait arrêter les activités sur place, pour trois mois. Nos questions concernant la protection de l’environnement sont restées sans réponse« , a annoncé Nourlan Iskakov, ministre kazakh de l’Ecologie. Cette annonce intervient alors que le Kazakhstan dénonce un nouveau retard dans la mise en exploitation du champ de Kashagan. Initialement prévue en juillet 2008, elle ne devrait débuter que fin 2010. De plus, les coûts d’investissement et d’exploitation sur 30 ans s’élèveraient à 136 milliards de dollars à l’Etat kazakh, au lieu des 57 milliards initialement prévus.
Selon Dimitri Loukachhov, analyste chez Alfa Bank, « il s’agit d’une tentative de copier le succès de la Russie avec Sakhalin-2« . Fin 2006, la Russie avait invoqué le non-respect des normes écologiques pour suspendre le programme mené par Shell. « Contrairement à la Russie, qui a poussé les accusations un peu loin contre Shell, l’Etat Kazakh a de bonnes raisons d’être mécontent d’ENI, qui pourrait ne pas être à la hauteur », a-t-il ajouté.
40% des bénéfices au lieu de 10%
D’après le cadre de l’une des majors prenant part au développement du gisement pétrolier de Kashagan, « les Kazakhs vont lancer un audit, officiellement pour comprendre le pourquoi de la hausse du coût du projet. En réalité, ils cherchent surtout des arguments pour ne pas payer leur part et augmenter leurs profits« .
Le mois dernier, l’Etat Kazakh n’a pas caché son intention de revoir à la hausse sa part dans les profits générés par le gisement. En effet, Baktykoja Izmoukhambetov, ministre kazakh de l’Energie a indiqué que son pays souhaitait obtenir 40% des bénéfices tirés des ventes de brut, au lieu des 10% actuellement prévus dans un contrat datant de 1997.
Une rencontre entre les représentants du groupe italien et l’État kazakh était prévue en début de semaine « pour analyser la situation ». La semaine dernière, Paolo Scaroni, directeur général du groupe a précisé avoir « reçu (…) une lettre d’arrangement à l’amiable du contrat » de la part des autorités kazakhes. Il a ajouté qu’il disposait d’un délai de 60 jours pour « ajuster » l’accord conclut 10 ans auparavant.
« Le jeu en vaut la chandelle »
Le mois dernier, Paolo Scaroni déclarait au quotidien économique « Les Echos » que « le démarrage de cet énorme projet reste prévu pour le troisième trimestre 2010, mais, dans mon esprit, la date importe peu. Que l’exploitation débute en 2010 ou 2011, mon souci est de bien faire les choses, de ne pas mettre en danger ce phénoménal gisement en prenant des risques sur le plan humain, technique ou environnemental. (…) Nous estimons aujourd’hui que l’investissement global sera compris entre 18 et 19 milliards de dollars, soit le double du budget initial. Mais franchement, le jeu en vaut la chandelle. A chaque fois que nous creusons un trou, nous trouvons plus de barils qu’on l’imaginait !«
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