Dans quelques mois, sur l’aérodrome d’Ocaña, des chercheurs espagnols mettront à l’essai un avion alimenté par une pile à combustible couplée à des batteries légères d’ions lithium, au décollage comme à l’atterrissage.
Le moteur électrique de l’avion ne rejettera dans l’air que de l’eau et de la chaleur, sans émettre de dioxyde de carbone. Ce prototype est le fruit du travail d’une petite équipe d’ingénieurs du Centre Européen de Recherche et de Technologie de Boeing ( BR&TE), dont le siège est à Madrid. L’équipe d’experts est composée d’autrichiens, de français, de britanniques et d’américains et compte aussi sur la participation de quelques entreprises du secteur. Les essais postérieurs à l’intégration de systèmes sont en cours de réalisation à l’Université Polytechnique de Madrid.
Le petit avion à hélice de 16,3 mètres d’envergure pourra décoller, s’élever jusqu’à 610 mètres, faire un vol de croisière de plusieurs minutes, et atterrir sur l’aérodrome d’Ocaña, propulsé par la seule pile à combustible. L’essai est prévu pour la fin de l’année. Pour l’instant, les spécialistes terminent tous les essais des systèmes et sous-systèmes.
« Boeing ne prévoit pas que les piles à combustible fournissent seules toute la puissance nécessaire pour de futurs avions commerciaux« , explique Francisco Escartí, Directeur de BR&TE. « Mais des démonstrations comme celle-ci aident à préparer le terrain pour l’utilisation potentielle de cette technique dans quelques années sur des petits avions avec ou sans équipage, pour la prévention d’incendies par exemple, la photographie aérienne, ou encore la surveillance météorologique« . Les chercheurs de Boeing considèrent que d’ici 10 à 15 ans, les piles à combustible seront suffisamment développées pour être utilisées dans les systèmes générateurs d’énergie secondaire d’un grand avion commercial.
A cause de l’augmentation du trafic aérien, les émission de CO2 de l’aviation commerciale sont en pleine croissance et les prévisions font craindre qu’elles ne feront qu’augmenter. Face au problème du changement climatique, mais aussi grâce aux politiques nationales et internationales pour réagir contre cette fatalité, les entreprises aéronautiques cherchent à réduire les émissions des avions les plus modernes.
L’équipe de BR&TE travaille sur le projet du prototype de piles à combustibles depuis 2003. Nieves Lapeña Rey, membre de l’équipe, affirme que la plus grande difficulté a été de gérer l’apport d’énergie des deux sources différentes de l’avion. C’est à dire, les batteries et la pile à combustible, « tout en contrôlant la chaleur générée par cette dernière« .
La pile à combustible est un dispositif électrochimique qui transforme directement l’hydrogène en électricité et en chaleur sans combustion. Il ne génère pas d’émission et il garantit un fonctionnement plus silencieux que celui des moteurs d’aviation conventionnels alimentés par des hydrocarbures.
Le prototype pourra voler à une vitesse de croisière de 100 kilomètres par heure avec un moteur de 45 kilowatts, alimenté exclusivement par la pile à combustible. Pendant les phases de puissance maximale (décollage et atterrissage), il reposera à 50% sur l’énergie apportée par la pile et les batteries. L’avion choisi pour cet essai est un Dimona fabriqué par Diamond Aircraft Industries en Autriche et la pile à combustible est un développement de l’entreprise britannique Intelligent Energy.
BE Espagne numéro 65 (19/09/2007) – Ambassade de France en Espagne / ADIT http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/51043.htm
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