L’association à but non lucratif pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (Artac) présidée par le professeur Dominique Belpomme, des syndicats médicaux ainsi que d’autres associations, ont élaboré leur propre « plate-forme » de « propositions du corps médical ».
L’ensemble des 7 propositions suivantes élaboré par le corps médical s’intègre dans le Plan d’action européen 2004-2010 en faveur de l’environnement et de la santé, lancé par la Commission européenne en 2004 et discuté en juin dernier à Vienne dans le cadre d’une réunion intergouvernementale.
L’impératif de respecter la stratégie fixée par l’Europe lors de la détermination des mesures françaises en matière de politique sanitaire et environnementale est d’autant plus essentielle à considérer que la France prendra la présidence de l’Union Européenne à partir de juin 2008, et qu’il serait bienvenue qu’elle puisse présenter une politique ambitieuse en matière de santé, d’environnement et de recherche, dans le cadre de la législation européenne déjà existante.
L’enfance est la priorité des priorités en matière de politique de santé environnementale, en raison de sa vulnérabilité. Quatre types de pathologies liées à l’environnement et concernant en particulier l’enfant, sont considérées être prioritaires par l’Union Européenne : l’asthme, les allergies, les endocrinopathies et les cancers.
La semaine dernière, le professeur Belpomme a remis à Jean-Louis Borloo, ministre de l’Environnement, du développement et de l’aménagement durables, les 7 propositions suivantes:
Activer le PNSE et redéployer le Plan cancer
– Actualiser, compléter et activer concrètement le Plan National Santé-Environnement (PNSE) qui, de l’avis des experts ayant participé à son élaboration, n’a pas rempli son rôle dans un grand nombre de domaines, en particulier dans les suivants : réduction des émissions de particules diesel, réduction du nombre de logements insalubres, protection des zones de captage d’eau, lutte contre la pollution atmosphérique.
– Redéployer le Plan cancer en l’articulant avec le PNSE, en réorientant les recherches dans le domaine de la toxicogénomique (polymorphisme génétique) en relation avec l’environnement, et en développant la toxicologie, l’épidémiologie et la prévention environnementale. A cet effet, il est demandé la généralisation des registres des cancers généraux (morbidité) dans tous les départements et territoires français, et l’actualisation de l’ensemble des registres existants, afin de quantifier le nombre et le type de cancers des départements et territoires français et pour effectuer une recherche épidémiologique de qualité.
Instaurer un moratoire concernant les nouveaux I.O.M.
– Instituer un moratoire concernant la construction de nouveaux incinérateurs d’ordures ménagères (I.O.M.) et la délivrance des autorisations de coincinération, en vertu du principe de précaution inscrit dans la Charte de l’Environnement, incorporée depuis mars 2005 au préambule de notre Constitution.
Les expertises scientifiques actuelles révèlent que de nombreuses substances toxiques de type CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques) s’échappent des I.O.M. et que l’incinération émet des gaz à effet de serre. Favoriser la prépondérance des solutions alternatives au traitement des déchets ménagers, ayant un impact minimum sur la santé publique, en réduisant les déchets à la source, en favorisant le tri sélectif et le recyclage, le compostage et la méthanisation des fermentescibles, et le stockage ultime sécurisé est donc essentiel.
Interdire les substances CMR
– Plusieurs produits phytosanitaires, biocides, additifs et substances contenues dans les cosmétiques se sont révélés être très toxiques après leur mise sur le marché. Certains de ces produits ayant des propriétés CMR sont à l’origine de cancers, de malformations congénitales et de stérilités. Certains sont en outre neurotoxiques et/ou allergisants. D’où la nécessité, dans l’esprit du Règlement européen REACH, de renforcer les procédures d’autorisation de mise sur le marché (AMM) des produits phytosanitaires (pesticides), biocides, additifs alimentaires et cosmétiques, afin de les rendre aussi strictes du point de vue toxicologique et sanitaire que l’AMM utilisée pour les médicaments.
– Aux propriétés CMR de nombreux produits phytosanitaires, s’ajoute le fait que plusieurs études internationales ont montré que les nitrates en excès dans l’eau de boisson sont cancérigènes. D’où la nécessité de réduire significativement et de façon programmée l’utilisation quantitative et qualitative des nitrates et pesticides en interdisant toute pulvérisation par avion et en développant les alternatives agricoles mises en oeuvre dans plusieurs Etats de l’Union, pour se trouver rapidement en adéquation avec les objectifs promus par l’Union Européenne.
– Certains phtalates, plastifiants communément utilisés dans le monde, se sont révélés être des substances CMR. D’où la nécessité d’étendre l’interdiction d’utilisation des phtalates, aux dispositifs médicaux, comme c’est le cas aujourd’hui pour les jouets et articles d’enfants.
Développer la médecine préventive
– Les médecins et l’ensemble de la filière de soins sont en première ligne dans l’information, la prévention, le dépistage, le diagnostic précoce et le traitement des pathologies environnementales. D’où l’absolue nécessité de développer la médecine préventive, en particulier la prévention environnementale, et de renforcer la formation initiale de toutes les filières médicales et paramédicales et la formation continue dans ce domaine.
Renforcer la formation continue des médecins dans le domaine de la médecine préventive est d’autant plus nécessaire qu’ils sont les intermédiaires indispensables à l’éducation du grand public. Ainsi convient-il de développer des campagnes de sensibilisation des médecins à la prévention environnementale et de promouvoir pour les médecins des outils d’aide à la prévention (grille synthétique de recueil des risques, guide à l’orientation?).
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