Suite au décès d’un ouvrier après un infarctus à l’usine de pneumatiques Continental de Clairoix dans l’Oise, fin janvier 2007, la Sécurité sociale a estimé le 5 septembre dernier qu’il s’agissait d’un accident du travail « dû notamment au stress chronique ».
« Pour l’instant, les entreprises minimisent les risques psycho-sociaux, car ils n’ont pas de retombées directes sur leurs finances. En reconnaissant le stress comme maladie professionnelle, leurs cotisations à la branche accidents du travail et maladies professionnelles risquent de sensiblement augmenter. Elles vont alors se rendre compte des coûts directs de cette pathologie et être plus vigilantes sur les conditions de travail », a déclaré Olivier Galamand, médecin du travail chez IBM, au quotidien « Les Echos » paru hier.
Selon lui, le stress chronique lié à l’activité professionnelle connaît une forte augmentation. « Les visites spontanées de salariés aux médecins du travail augmentent chaque trimestre, notamment au moment du « closing », lorsque les commerciaux annoncent le nombre de contrats signés. J’observe également un pic à la fin de l’année lorsque approche l’entretien annuel d’évaluation ».
Même s’ils restent rares, les cas de suicides liés au stress, se sont multipliés ces derniers mois dans les entreprises, notamment dans le secteur automobile. « Ce qui frappe dans les cas de suicides évoqués dans les médias ces derniers mois, c’est qu’ils ont eu lieu sur le lieu de travail, ce qui était très rare avant. Mais attention, tous les suicides sur le lieu de travail ne sont pas liés à l’activité professionnelle », a indiqué le docteur Dominique Chouanière, responsable du projet stress au travail à l’ Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS).
De nombreuses causes
Selon « Les Echos », nombreuses sont les causes qui conduisent un salarié au suicide, et il est difficile d’agir efficacement. « Un chef d’entreprise qui veut vraiment faire quelque chose pour limiter le stress, et ses conséquences parfois dramatiques, n’est pas très aidé. Les cabinets de conseil qui se sont spécialisés sur ce créneau vont lui proposer un numéro vert, un observatoire du stress, mais dans une situation de crise, ce n’est pas vraiment utile. Un observatoire n’est utile que un ou deux ans après sa mise en place », a ajouté Dominique Chouanière.
Pour Grégoire Vandevelde, consultant spécialisé dans le secteur automobile et sensibilisé aux troubles psycho-sociaux, « chaque collaborateur doit être familiarisé avec les signes annonciateurs d’une dépression ou d’un trouble bipolaire pour pouvoir intervenir si l’un de ses collègues est touché : perte de sommeil, dévalorisation de soi, performance professionnelle en baisse. Lorsqu’on ne connaît pas ces signes, on n’est pas censé savoir que cela peut être grave ».
« Solidairement responsable »
De plus, « chaque manager devrait prendre le temps chaque matin de passer dans son service pour voir ses collaborateurs, leur parler, même quelques minutes », a-t-il ajouté. « Même dans des situations difficiles, quand il y a un esprit d’équipe et de la solidarité entre les salariés, tout passe. On n’est plus individuellement coupable en cas d’échec mais solidairement responsable », a conclu Anne Valleron, délégué CFE CGC chez le constructeur automobile PSA.
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