Après que le mois dernier Alan Johnson, ministre de la Santé anglais, ait interdit aux médecins des hôpitaux britanniques le port de la blouse blanche, « Les Echos » ont annoncé que dès le mois de janvier 2008, le personnel hospitalier anglais devra porter des tabliers en plastique.
L’objectif est de lutter contre les maladies nosocomiales qui d’après le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France, sont des infections absentes lors de l’admission à l’hôpital et qui se développent 48 heures au moins après l’admission. Ce délai permet de distinguer une infection d’acquisition communautaire d’une infection nosocomiale.
Les infections nosocomiales sont un véritable problème de santé publique. Selon le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies, les infections nosocomiales sont « le plus grand défi en termes de maladies infectieuses auquel doit faire face l’Union européenne ». Résistantes à de nombreux antibiotiques, les infections nosocomiales touchent entre 5% et 12% des personnes hospitalisées et touchent 10 millions de personnes dans le monde. En France, 4 200 personnes par an en meurent.
Selon Alain-Michel Ceretti, président de la mission d’information et de développement de la médiation sur les infections nosocomiales (Idmin) au sein de la Haute Autorité de santé, « toutes les études sont formelles : la contamination s’effectue souvent par les mains ou par le tissu ».
Lancement d’Actiprotex
Depuis lundi, onze PME, un industriel, quatre laboratoires et deux centres techniques unissent leurs forces pour concevoir des textiles susceptibles de « prévenir la prolifération de maladies nosocomiales et les contaminations microbiennes« . Afin de prévenir ces infections, le Pôle de compétitivité Techtera a lancé « Actiprotex », un projet qui « va permettre la mise au point et la fabrication de textiles de protection multi-actifs« , a expliqué Jean-Charles Potelle, président de Techtera.
Ce projet bénéficie d’un budget de 4 millions d’euros, dont 2,1 millions alloués par les pouvoirs publics, les collectivités locales et l’Etat, pour apporter « d’ici trois ans (…) une réponse technologique qui n’existe pas encore« . Une soixantaine de personnes sont impliquées dans le projet qui devrait générer vingt créations d’emplois directs dans un premier temps, et soixante à l’issue du projet.
« Barrer la route aux bactéries »
« L’objectif est de barrer la route aux bactéries », a expliqué le docteur Vincent Legay, responsable du laboratoire « in vitro » de Biomatech, porteur du projet. Si les textiles antibactériens existent déjà, les textiles susceptibles de prévenir la prolifération de maladies nosocomiales et les contaminations microbiennes devront résister à l’usure.
« Les actifs devront subir des conditions de lavage draconiennes. (…) Pour l’instant, les millions de microcapsules dont nous équipons nos textiles ont une durée de vie limitée à une dizaine de lavages », a déclaré Marie Rastello-de Boisseron, responsable technique et qualité chez Euracli, société qui conçoit, développe et produit des microcapsules entre autre pour le textile.
Pour le moment, les textiles jetables constituent « une partie de la solution« . A grande échelle, ils ont un coût financier important et leur usage n’est pas écologique. Aujourd’hui, la recherche a permis de réaliser des « textiles antibactériens de petites tailles, comme les pansements, mais pas à de grandes pièces comme des draps« .
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