Les automobilistes sont nettement plus exposés à la pollution atmosphérique que les piétons, même à proximité des grands axes.
Tel est le principal constat d’Airparif après une série de mesures à bord d’un véhicule. L’importance du type d’axe de circulation, de son environnement et de l’état du trafic a également été confirmée. Cette première étude exploratoire apporte donc quelques éléments pour mieux évaluer l’exposition des Franciliens.
La voiture n’est pas un cocon, un bouclier anti-pollution. Au contraire, les prises d’air sont proches des pots d’échappement et l’habitacle est un espace confiné essentiellement conditionné par l’air des abords immédiats. Situé au c?ur de la circulation, l’automobiliste est donc la première victime de la pollution liée au trafic routier. Un enfant dans sa poussette sur le trottoir au bord de la route est ainsi moins exposé à la pollution que dans son siège auto !
Aujourd’hui, Airparif s’intéresse plus particulièrement aux automobilistes, en mesurant pour la première fois la qualité de l’air au sein du trafic et dans l’habitacle d’un véhicule. Quel est le rôle du type d’infrastructure routière (tunnel, pont…), des conditions générales de circulation, des véhicules les plus proches, de la pollution de fond ambiante du jour ? Autant de questions qui se posent pour connaître ce qu’on respire au volant de sa voiture.
Un polluant choisi : le NO2
Un polluant a été retenu pour cette campagne exploratoire : le dioxyde d’azote (NO2), qui est l’un des principaux indicateurs du trafic routier. Dans l’agglomération parisienne, ce polluant, réglementé pour ses effets sur la santé, dépasse de façon chronique les objectifs de qualité. De plus, le comportement de ce polluant est généralisable à l’ensemble des polluants gazeux issus des pots d’échappement. D’autre part, il peut être mesuré dans un véhicule en déplacement avec les moyens habituels de mesure automatique, ce qui n’était pas envisageable simplement avec d’autres polluants comme les particules. Enfin, à l’intérieur de l’habitacle d’une voiture et en l’absence de fumeurs, seul l’air extérieur est une source de dioxyde d’azote.
Les tests ont été effectués dans l’habitacle et à l’extérieur immédiat d’un véhicule équipé d’appareils automatiques de mesure, afin de suivre l’évolution des niveaux de pollution en temps réel lorsque le véhicule se déplace. Une mesure des concentrations était effectuée toutes les dix secondes. Le véhicule de mesure a roulé sur la voie de droite, fenêtres fermées avec la ventilation en position 1 et sans fumeurs à bord, afin d’être dans les conditions les plus habituelles d’utilisation.
L’automobiliste, plus exposé que le piéton
L’automobiliste est plus exposé que le piéton sur le trottoir. C’est ce que montrent notamment deux séries de mesures effectuées sur la boucle du périphérique intérieur et sur l’avenue des Champs-Elysées.
Au milieu du trafic, l’habitacle de la voiture ne protège en rien de la pollution extérieure. Plusieurs trajets ont été réalisés en effectuant une double mesure air intérieur/air extérieur du véhicule. Dans tous les cas, quelque soit le parcours, les concentrations moyennes sont très similaires à l’intérieur et à l’extérieur le long du véhicule. En revanche, la dynamique des teneurs est différente. Les concentrations à l’intérieur du véhicule sont plus stables car moins soumises aux fluctuations rapides liées au trafic.
Importance de l’état du trafic
A priori, ce sont les véhicules avoisinants qui influent le plus sur la qualité de l’air dans l’habitacle comme l’a montré le trajet parisien pour lequel le véhicule d’Airparif s’est retrouvé brièvement derrière un poids lourd dans un trafic très congestionné à une vitesse moyenne de 3 km/h. Sur quelques secondes, les teneurs en NO2 ont été multipliées par dix, pour retomber aussitôt le poids lourd dépassé.
Ce sont donc essentiellement les véhicules avoisinants qui sont à l’origine des niveaux de NO2 mesurés dans l’habitacle, d’où l’impact des conditions de circulation. Les mesures réalisées sur le périphérique intérieur en sont un exemple. La boucle a été effectuée un jour de trafic fluide en 30 mn (vitesse moyenne de 70 km/h) et un jour de trafic plus congestionné, en plus d’une heure et demie (vitesse moyenne de 23 km/h). La moyenne des concentrations en NO2 relevée passe de 151 µg/m3 dans le premier cas à 264 µg/m3 dans le deuxième cas.
Perspectives
Les résultats très ponctuels de cette étude exploratoire ne sont pas généralisables. Ils vont dans le même sens que les premiers résultats des travaux de recherche effectués dans le cadre d’une étude commandée par l’Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail). Des mesures et études complémentaires seront nécessaires pour conforter ces observations. D’autres tests sont envisagés par Airparif pour étudier notamment l’effet de l’ouverture des fenêtres et le réglage de la ventilation ou encore le type de véhicule utilisé. D’autres polluants méritent aussi d’être analysés : le benzène qui pose surtout problème en situation de congestion, ou encore les particules et le formaldéhyde.
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