Lutter contre le réchauffement climatique en stockant le CO2 sous terre est une solution. Mais ce gaz à effet de serre (GES) ne pourrait-il pas un jour remonter à la surface ?
« Les promoteurs du stockage géologique du CO2 parlent enfin ouvertement des risques de cette technologie« , a indiqué François Moisan, directeur de la stratégie et de la recherche à l’Ademe, au quotidien « Les Echos » paru hier. Depuis que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport confirmant que cette solution pouvait être efficace contre le réchauffement global en 2005, l’enfouissement du CO2 a « conquis la recherche et l’industrie« . Ainsi, pour les participants au colloque international qui s’est tenu à Paris la semaine dernière, « ces gaz à effet de serre produits par les centrales thermiques ou les usines retourneront à la terre d’ici à 2020« .
Le stockage géologique du CO2 utilise le savoir-faire et les équipements des pétroliers et des gaziers. Mais ces réservoirs souterrains de CO2 ne vont-ils pas fuir ? Selon le rapport parlementaire français Birraux-Bataille sur la séquestration du carbone, les promoteurs de la technologie ont désormais conscience des risques et des limites de leur discours rassurants. Ainsi, il y a encore un an, ils déclaraient que « l’acceptation du stockage souterrain du CO2 ne devrait pas poser de problème majeur« . Selon Tore Torp, spécialiste du stockage géologique chez Statoil, « il ne faut pas cacher les risques, toute activité humaine finit par générer des impacts néfastes. Nous ne serons pas crédibles si nous ne reconnaissons pas qu’il y aura probablement des fuites dans les réservoirs. Il faut juste prévoir des parades« .
Les fuites de CO2, une menace
Selon le quotidien, les fuites de CO2 présenteraient deux types de menaces. « L’une globale toucherait l’atmosphère, le CO2 largué accentuerait l’effet de serre. L’autre, plus locale, toucherait les populations puisque le dioxyde de carbone est toxique à forte concentration. Ce dernier cas peut se produire dans le cas d’une fuite rapide ou dans le cas d’une fuite lente avec concentration de ce gaz lourd dans une zone cloisonnée comme une cuvette« . Pour les chercheurs, les fuites rapides sont à exclure. Citant l’exemple du stockage sous-marin de Sleipner en mer du Nord, Tore Torp a ajouté que « même si la tête du puits d’injection saute, les pertes seraient limitées car le tuyau d’injection contient 200 tonnes de CO2 qui feraient bouchon ».
Les chercheurs ont identifié plusieurs scénarios de fuites possibles. La faiblesse du stockage se situe dans les puits d’injection qui peuvent rouiller ou se détériorer. En fin d’exploitation, il faudrait sceller les puits d’injection. « A plus court terme, les géologues craignent aussi de tomber sur d’anciens carottages mal référencés qui feraient fuir les réservoirs. C’est le cas du Bassin parisien qui a été abondamment foré« , a indiqué le quotidien. Les scientifiques reconnaissent qu’il y a des gisements où le CO2 est resté sous forme gazeuse des millions d’années. Pour Pierre Le Thiez, chef de projet « Captage, transport et stockage du CO2 » de l’Institut Français du Pétrole (IFP), « les risques ont lieu dans les premières années d’injection, car c’est à ce moment que la roche travaille le plus« .
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