A l’occasion de la première réunion du comité de pilotage (COPIL) sur la pollution du Rhône aux PCB, Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, présidente de ce comité, a dévoilé plusieurs pistes de recherches et d’actions, afin de combattre cette pollution « historique » de l’un des plus grands fleuves de France, mais aussi de plusieurs autres bassins fluviaux.
Au cours de la réunion, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie a dévoilé une carte des sédiments en France réalisées à partir des analyses effectuées par les réseaux de suivi dans les fleuves et rivières sur 852 sites, et la présence de PCB a été détectée dans près de 40% d’entre-eux. « Cette carte montre que cette pollution touche quasiment tous les grands fleuves français et même européens, qui ont eu un passé industriel entre 1930 et 1980 » a-t-elle précisé. « L’interdiction de l’utilisation des PCB a été respectée pendant 20 ans, on ne peut donc pas parler de laxisme de l’Etat« .
Une autre carte concernant les résultats d’analyse des poissons sera quant à elle rendue publique « dans les 18 mois« . Nathalie Kosciusko-Morizet a précisé vouloir attendre les conclusions de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (l’Afssa). Cette étude devrait par ailleurs préciser la façon dont les polluants migrent vers les poissons et s’il existe des espèces plus susceptibles d’être touchées.
La situation des pêcheurs professionnels à l’étude
Etant donné que la consommation de poissons pêchés dans le Rhône a été interdite jusqu’en Méditerranée, il s’agissait d’étudier la situation des pêcheurs professionnels. Douze d’entre-eux concernés par la zone d’interdiction, pourraient voir leurs baux de pêche révisés ainsi qu’une exemption de leurs cotisations à la Mutualité sociale agricole (MSA). « Nous réfléchissons également à une indemnisation de leurs pertes de revenus« , a-t-elle ajouté sans avancer de chiffre, ainsi qu’à l’évolution de l’interdiction totale de consommation des poissons vers une « interdiction ciblée« , différenciant notamment les espèces.
Un des principaux représentants des pêcheurs, Didier Bretin, président de l’Association interdépartementale des pêcheurs professionnels du Rhône et de l’aval Méditerranée a annoncé être « plutôt satisfait des mesures annoncées, même si on attend de voir comment et quand elles seront concrétisées (.) Notre principale demande, c’était qu’on redonne du travail aux pêcheurs qui ne peuvent plus travailler, et là-dessus, la secrétaire d’Etat nous a assurés qu’on allait travailler pour la pêche scientifique, et les analyses à faire dans ce domaine prendront des années« , a-t-il souligné.
« Sur la pollution du Rhône, le mal est fait, et je n’ai pas envie de déclarer une guerre qui n’aboutirait à rien. Nous n’arriverons pas à prouver la culpabilité des principaux responsables de toute manière« , a-t-il encore affirmé.
Une dépollution ciblée
En revanche, la question des moyens possibles de dépollution du fleuve reste sans réponse. Si la secrétaire d’Etat a bien précisé qu’on ne pouvait pas draguer tout le fleuve, elle a néanmoins affirmé que une » dépollution ciblée serait techniquement possible ou bien un traitement in situ des sédiments, dont on a confié l’étude au pôle de compétitivité lyonnais Axelera« .
A l’issue de la réunion, Alain Charolle, le porte-parole de l’association France Nature Environnement confie être « rester sur sa faim« . Il a relevé des imprécisions sur le déblocage des moyens financiers nécessaires au traitement de cette pollution,sur la planification précise des actions à engager ou encore sur l’indemnisation des pêcheurs professionnels touchés, « un problème d’urgence« .
Enfin, Nathalie Kosciusko-Morizet a précisé qu’une structure équivalente à ce COPIL serait mise en place au niveau national et ce « d’ici la fin de l’année« .
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