Hier, un médecin du travail ayant exercé à l’usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados, a été mis en examen pour « non assistance à personne en danger » et « blessures et homicides involontaires ».
Le docteur Claude Raffaelli a été placé sous contrôle judiciaire. Il lui est reproché de ne pas avoir suffisamment protégé les salariés de l’usine Ferodo-Valéo alors qu’il aurait pu les avertir des dangers encourus par leur exposition à l’amiante.
Les associations de victimes reprochent également au médecin qui a exercé pendant plus de vingt ans dans cette usine de fabrication de plaquettes de freins, d’avoir participé « au comité permanent amiante (CPA), véritable structure de lobbying mise en place par les industriels pour éviter l’interdiction de ce matériau cancérogène et retarder toute réglementation contraignante« .
Une étape importante
L’ Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante (Andeva), le Comité anti-amiante de Jussieu et la Fédération Nationale des Accidentés du Travail et des Handicapés (FNATH) estiment que cette mise en examen est une étape d’une « importance capitale » car, selon eux, le médecin concerné est « sans doute l’exemple le plus caricatural d’un médecin du travail qui s’est mis au service de son entreprise et des industriels au mépris de la santé des salariés qu’il était chargé de surveiller« .
« Cela dit, sur ce dossier de l’amiante, il est évident au-delà des responsabilités individuelles que c’est l’institution qui a été totalement défaillante« , ont précisé les trois associations.
Depuis plusieurs mois, six anciens dirigeants de l’usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau sont poursuivis pour « homicides et blessures involontaires » et « non assistance à personne en danger« . Ils se voient reprocher un défaut d’application de la législation en vigueur sur les risques liés à l’amiante.
10 000 décès d’ici 2030
Les dangers de l’amiante utilisé pour l’isolation des bâtiments et tous les secteurs de l’industrie ont été connus très tôt et certaines maladies qu’elle provoquait ont été classées maladies professionnelles dès 1945. Cependant, la fibre n’a été interdite qu’en 1997.
Dans cette affaire, une quinzaine de particuliers et plusieurs associations se sont constitués parties civiles. Les maladies concerneraient des centaines d’anciens salariés de l’usine et plusieurs dizaines de personnes seraient décédées.
Selon les spécialistes, chaque année, 3 000 décès seraient liés aux cancers et mésothéliomes causés par l’amiante en France. Pour les associations de victimes, les maladies liées à l’amiante pourraient provoquer 100 000 décès d’ici 2030.
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