« Si rien n’est fait, une canicule comme celle de 2003 pourrait entraîner 60 000 morts à la fin du siècle. Nous devons apprendre à vivre avec un tel climat », a indiqué Jean-Pierre Besancenot, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et auteur de « Notre santé à l’épreuve du changement climatique ».
L’importance du réchauffement climatique « dépendra du contexte démographique et socio-économique« , a-t-il déclaré dans un entretien accordé à l’Associated Press. « Ca peut passer quasiment inaperçu dans des pays riches qui peuvent y faire face et se traduire, au contraire, de façon dramatique dans des pays en développement incapables de déceler et de mettre en place les mesures qui s’imposent« .
« Tous les modèles d’évolution nous enseignent que ce qui a été exceptionnel en 2003 (lors de la canicule) deviendra la norme à la fin du siècle« , a indiqué Jean-Pierre Besancenot. « Si on n’y fait rien, des hécatombes risquent de se multiplier d’autant que la proportion de personnes âgées va augmenter. D’ici 2100, le nombre de personnes de plus de 75 ans sera multiplié par quatre« .
Le scientifique estime qu’il est encore difficile de prédire quels seront les conséquences du réchauffement climatique sur la santé, mais « on peut se poser de sérieuses questions« . Le réchauffement pourrait être responsable de maladies infectieuses et parasitaires, ou d’allergies.
Maladies parasitaires
Par exemple, concernant la leishmaniose, une maladie parasitaire transmise à l’homme par des piqûres de moucherons infectés, « quatre foyers très localisés en France« , étaient connus : les Cévennes, l’agglomération marseillaise, les Alpes-Maritimes et la Corse. « Depuis quelques années, c’est tout le triangle Andorre-Lyon-Nice qui est contaminé par ce moucheron. Quand on a un été chaud, ce moucheron remonte plus loin vers le nord. On peut dire que l’influence de la température est, dans ce cas, peu contestable« , a indiqué Jean-Pierre Besancenot.
Selon le chercheur du CNRS, le paludisme, une maladie parasitaire transmise par les moustiques, est « un faux problème dans nos pays tempérés. Les moustiques tropicaux n’ont pas la capacité de faire souche durablement dans des climats à hiver sensible et si quelques cas de paludisme apparaissent, le système de santé est suffisamment performant pour les détecter et les maîtriser rapidement« .
Maladies allergiques
Quant aux maladies allergiques, ce sont les allergies au pollen qui augmentent le plus fortement. « Le changement climatique n’est pas seul en cause« , a-t-il indiqué, « mais on ne peut pas l’exclure. Ce sont les gaz à effet de serre (GES), notamment le gaz carbonique qui, en dopant la plante, lui fait produire plus de pollen et plus longtemps. Et même si ces allergies ne sont pas, à de rares exceptions près, des maladies mortelles (…), elles sont importantes car elles touchent une grande partie de la population« .
Par contre, « la morbidité et la mortalité liées aux maladies cardio-vasculaires et pulmonaires diminuent au cours des hivers doux. C’est déjà ce que l’on observe lors des hivers particulièrement doux« , a ajouté le chercheur.
> Pour en savoir + : « Notre santé à l’épreuve du changement climatique ». Editions Delachaux et Niestlé, 221 pages; 19 euros.
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