Selon les premières observations du programme scientifique Damoclès, dont l’objectif est d’étudier et de prévoir les changements futurs de l’Océan Glacial Arctique, d’importants bouleversements météorologiques se produisent actuellement dans les hautes latitudes. Ceci laisse présager une cascade d’évènements climatiques qui affecteront la faune et la flore en Europe de l’Ouest.
Le programme Damoclès (Developping Arctic Modelling and Observing Capabillities for Long-term Environmental Studies) regroupe 45 laboratoires de 10 pays européens, des Etats-Unis et de Russie.
La goélette « Tara », qui fait des recherches dans le cadre du programme européen Damoclès, « a effectué un trajet trois fois plus rapide que les modèles ne l’avaient prédit », a expliqué Jean-Claude Gascard, directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS) et responsable de Damoclès. On constate également que « la glace est plus jeune (moins de quatre ans), moins comprimée et donc plus facile à faire fondre ».
1,5 million de km2 perdus
Selon lui, la plus importante conclusion des observations réalisées par les scientifiques européens prévoit « dans 10 à 15 ans, une fonte totale de la banquise en été, entre le mois de septembre et le mois de mai« .
« Un recul spectaculaire de la banquise a été constaté à la fin de cet été. En deux ans, la banquise d’été qui s’étendait sur 5,5 millions de km2 (14 millions de km2 en hiver), a perdu 1,5 million de km2« , a-t-il déclaré à l’AFP.
« Cet été, il était possible de faire une traversée complète de l’Arctique entre le delta de la Lena (nord Sibérie) à l’Est et celui du Mackenzie (nord-ouest du Canada), sans rencontrer un seul morceau de glace dérivante. C’est une situation également sans précédent« , a-t-il ajouté.
Fonte totale de la banquise
Cette année, la formation de la banquise d’hiver a un retard d’au moins un mois. Mais, selon Jean-Claude Gascard, c’est la fonte totale de la banquise en été qui aurait la plus forte et incidence sur le climat en Europe de l’ouest.
Etienne Bourgois, patron de l’expédition, mécène scientifique et directeur général de la maison de couture Agnès B., a déclaré à l’AFP: « Tara a rempli totalement sa mission. Contre toute attente, au bout d’un an, on doit revoir les modèles climatiques. Ces observations extraordinaires ne pouvaient être faites qu’à bord d’un bateau dérivant sur la banquise. (…) Le grand public ne peut plus rien ignorer des bouleversements climatiques en cours« .
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