Capgemini, l’un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance, a publié hier la neuvième édition de son étude annuelle l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie (OEME). Après la mise en ?uvre complète des deux premières Directives européennes, les mesures proposées récemment par la Commission Européenne permettront-elles de résoudre ces problèmes ?
La sécurité d’approvisionnement demeure préoccupante : les progrès sur les investissements électriques ont un impact négatif sur la réduction des émissions de CO2 et l’approvisionnement en gaz est fragilisé par des divergences entre la politique européenne et les ambitions russes. Par ailleurs, l’étude souligne le peu de progrès accompli vers un marché européen de l’énergie totalement fluide et compétitif, qui était l’objectif visé par les deux premières Directives.
Une nouvelle Directive européenne aura-t-elle un impact réel ?
En évaluant les résultats des deux premières Directives, le rapport s’interroge sur l’impact réel d’une nouvelle Directive européenne, imposant la séparation patrimoniale des réseaux (« unbundling ») sur la compétitivité et la fluidité des marchés de l’électricité et du gaz. En effet, à quelques exceptions près, on observe des prix de détail de l’électricité supérieurs à la moyenne européenne dans les Etats Membres dont les marchés sont ouverts à la concurrence depuis plus de 3 ans. Ceci amène donc à s’interroger sur la pertinence d’une troisième Directive pour améliorer la concurrence en Europe puisque les deux premières n’ont pas engendré de baisse de prix significative.
Selon Capgemini, d’autres mesures telles que la simplification des procédures administratives pour diminuer les risques des investisseurs, des incitations financières (via des tarifs adéquats) pour augmenter les investissements sur les interconnections (électriques et gazières) et l’adoption de nouveaux schémas de gestion des infrastructures et des marchés de gros doivent être mises en ?uvre pour aboutir à des résultats tangibles.
Selon Colette Lewiner, Directeur International du secteur Energie, Utilities et Chimie chez Capgemini : « Toute proposition de Directive doit garantir la sécurité d’approvisionnement en électricité et en gaz et la séparation patrimoniale des réseaux seule n’est pas une mesure suffisante pour créer un marché européen totalement fluide et compétitif. »
Améliorer la sécurité
L’amélioration de la sécurité d’approvisionnement en Europe est-elle compatible avec les objectifs de l’Europe sur la réduction des émissions de CO2 ? Si le rapport montre une certaine amélioration de la sécurité d’approvisionnement en électricité en Europe, c’est aux dépens de l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de CO2. En 2006, les Utilities ont poursuivi leurs investissements dans les infrastructures pour répondre à l’augmentation de la demande électrique et donc assurer une meilleure sécurité d’approvisionnement.
Cependant, la situation est préoccupante au regard des défis liés au changement climatique, puisque 81% des centrales en construction utiliseront des combustibles fossiles impliquant un accroissement des émissions de CO2. Capgemini estime qu’il faut mettre en place au plan européen et dans chaque Etat Membre une politique d’investissement dans des centrales électriques, cohérente avec les objectifs de sécurité d’approvisionnement et de réduction de CO2.
La sécurité de l’approvisionnement en gaz est-elle menacée ?
Enfin, le rapport alerte sur la divergence des stratégies européenne et russe qui peut menacer la sécurité d’approvisionnement en gaz. Le 19 septembre, lors de ses déclarations sur la séparation patrimoniale des réseaux, la Commission a annoncé la mise en place d’une clause de réciprocité. Cette dernière vise à empêcher des investisseurs étrangers à l’UE – y compris les compagnies russes – d’acquérir des sociétés européennes de transport de gaz et d’électricité.
Elle répond aux craintes que Gazprom ne puisse dominer ces réseaux de transport comme il le fait progressivement sur les gazoducs alimentant l’Europe. Par ailleurs, ces mesures d' »unbundling », qui visent à faciliter l’accès au marché pour les nouveaux entrants, pourraient aider in fine Gazprom dans sa stratégie de domination des différents maillons – y compris le marché de détail – de la chaîne gazière. La bataille UE/Russie pour le contrôle de l’approvisionnement en gaz sur l’ensemble de la chaîne de valeur ne fait que débuter !
Colette Lewiner conclut : « Notre étude montre qu’en 2006 et 2007, la sécurité d’approvisionnement est restée une préoccupation majeure. Les investissements dans les infrastructures doivent non seulement croître en volume, mais les choix énergétiques sous jacents doivent aussi permettre de réaliser les objectifs de l’UE relatifs au changement climatique. Ces derniers ne pourront être atteints qu’avec une volonté politique forte, des quotas d’allocation de CO2 contraignants et un système d’échange de droits d’émission à long terme ».
« Les sociétés d’électricité et de gaz doivent s’adapter, dans un contexte de pétrole cher, à leur nouvel environnement réglementaire et à un marché de plus en plus compétitif. Elles doivent pour cela optimiser leur portefeuille d’actifs, changer leur relations clients et mettre en ?uvre les nouvelles technologies énergétiques et informatiques ».
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