L’utilisation des pesticides de la famille des organochlorés (dont le chlordécone) a été intense aux Antilles françaises, en lien avec la culture de la banane.
Les risques potentiels pour la santé de ces produits, ainsi que leur grande rémanence dans l’environnement ont entrainé des restrictions d’emploi à partir de 1969, puis leur retrait définitif. Le chlordécone a été définitivement interdit aux Antilles en septembre 1993 (avec un délai dérogatoire de trois ans après l’interdiction en métropole, suite aux dommages entrainés dans les bananeraies par deux cyclones).
Du fait de leur rémanence, ces produits sont toujours présents dans les sols et les habitants des Antilles peuvent être exposés par voie alimentaire principalement. Ceci a conduit l’Institut de veille sanitaire à s’intéresser à ce problème depuis plusieurs années. Ainsi, un rapport faisant le point des connaissances sur les dangers et les valeurs toxicologiques de référence des insecticides organochlorés utilisés aux Antilles a été publié en 2004. Deux numéros du bulletin d’Alertes et de Surveillance Antilles Guyane (BASAG) ont également été consacrés à cette question en juin 2005 et juillet 2006. Ces documents sont publics et disponibles sur les sites internet de l’InVS et de la Cire Antilles-Guyane.
Toxicité
Les résultats des recherches effectuées chez l’animal, mais aussi, dans le cas du chlordécone, chez l’homme dans une cohorte de personnes exposées massivement à la suite d’un accident industriel survenu aux Etats-Unis, ont révélé une toxicité principalement hépatique, neurologique et sur la reproduction. Ces effets ont été observés pour des expositions beaucoup plus importantes que celles enregistrées aux Antilles. A ce jour, aucun lien n’a été démontré entre l’exposition aux pesticides aux Antilles et les observations sanitaires qui y ont été effectuées : la plus grande fréquence absolue du cancer de la prostate aux Antilles par rapport à la métropole peut être expliquée par l’origine ethnique de la population (facteur de risque bien documenté aux Etats-Unis). La diminution du nombre d’enfants par femme est également non spécifique et relève de bien d’autres causes que d’un impact sanitaire sur la biologie de la reproduction.
Toutefois, plusieurs études sont actuellement en cours pour améliorer les connaissances, et, le cas échéant, orienter les mesures préventives. Il s’agit notamment des études Ti Moun et Karuprostate conduites par l’unité 625 de l’Inserm, s’intéressant pour la première aux pathologies de la grossesse, à la croissance intra-utérine, à la fonction thyroïdienne et au développement neurologique, pour la seconde aux facteurs de risque du cancer de la prostate, ainsi qu’une étude de la répartition spatio-temporelle des cancers en Martinique conduite par la Cire Antilles-Guyane et l’association martiniquaise pour la recherche épidémiologique sur le cancer. L’institut de veille sanitaire maintient et renforce la surveillance aux Antilles pour détecter toute conséquence sanitaire potentiellement liée à la présence des pesticides organochlorés.
Commentaires récents