Les défis et les opportunités auxquels le monde fait face suite aux changements climatiques ont été publiés dans le rapport de synthèse concise du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Le document du GIEC, dévoilé samedi à Valence, en Espagne, à l’issue de cinq jours de négociations, sera une lecture essentielle pour les participants à la conférence de l’ONU sur la convention du changement climatique à Bali, en Indonésie, du 3 au 14 décembre.
Le rapport, intitulé « Rapport de synthèse » pour les décideurs, met l’accent sur l’impact du changement climatique et recommande dans les meilleurs délais la réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en souligna les coûts économiques d’une transition vers une société à faible émission de carbone. Il a également appelé à une action plus forte sur l’adaptation.
5 motifs de préoccupation
« Ni l’adaptation ni l’atténuation seules peuvent éviter tous les impacts du changement climatique. Toutefois, ils peuvent se compléter les uns des autres et, ensemble, peuvent réduire de manière significative les risques de changement climatique« , dit le rapport du GIEC, un comité établi conjointement par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
Ce rapport met également l’accent sur cinq « motifs de préoccupation« , qui sont encore plus lourds qu’avant. Ceci est du au fait que les scientifiques concluent maintenant qu’ils peuvent avoir de petites augmentations de température ou que les risques peuvent être plus grands que ce qui avait été prédit auparavant.
Il s’agit notamment des impacts sur les espèces et la biodiversité lorsque les températures s’élèvent, y compris les communautés et les écosystèmes polaires et de haute montagne.
Risques d’impacts « irréversibles »
Le rapport indique que près de 20 à 30% des espèces végétales et animales évaluées sont susceptibles d’être exposés à un risque accru d’extinction si les températures moyennes mondiales dépassent 1,5°C et 2,5°C par rapport aux niveaux de la fin du 20e siècle.
Le rapport met également l’accent sur le risque des impacts « irréversibles« . Par exemple, si l’augmentation de la température dépasse environ 3,5°C, entre 40 et 70% des espèces évaluées risquent l’extinction.
Selon les projections, le réchauffement de la surface marine d’environ 1 à 3°C va créer de « fréquents blanchissement des coraux et une mortalité généralisée« .
Sécheresses, inondations…
Le rapport déclare également que les mers et les océans deviennent plus acides car ils absorbent la grande quantité de dioxyde de carbone et l’impact sur les « micro-organismes marins » comme les récifs coralliens.
Les autres raisons de préoccupation sont les risques de phénomènes météorologiques extrêmes surtout les sécheresses, canicules, les inondations, ainsi que leurs impacts négatifs.
Le rapport déclare également que les personnes pauvres et âgées vivant dans les milieux à basse latitude et moins développés y compris ceux qui sont dans les zones arides, et vivants dans les deltas sont susceptibles d’être les plus affectés.
Rapide fonte des glaces
Il y a une forte chance que d’ici cinquante ans « la majorité de la région semi-aride, par exemple le bassin méditerranéen, l’ouest des États-Unis, l’Afrique du sud et le nord-est du Brésil, subira une baisse des ressources en eau en raison du changement climatique« .
Le résumé exécutif du rapport du GIEC dit également que les avantages liés aux changements climatiques disparaitront aussitôt qu’il y a une augmentation de la température.
Des préoccupations sont également exprimées à propos de nouvelles observations liées au Groenland ainsi que la calotte glaciaire, qui pourrait signifier que le taux de la fonte de glace est plus rapide que d’après les prédictions précédentes
« Le document le plus important »
Aujourd’hui, Achim Steiner, Directeur exécutive du PNUE a dit : « Ceci est peut-être le document le plus important pour chaque personne sur la planète qui se soucie de l’avenir. Dans le présent résumé, la science s’allie aux conséquences sociales et économiques du réchauffement de la planète, mais aussi la justification économique et les opportunités de réagir« .
« Même si la recherche scientifique est encore en cours, nous connaissons maintenant l’action requise et le prix de l’échec – de l’augmentation de l’acidification des océans à la possibilité d’extinction de la biodiversité impressionnantes qu’est d’une grande importance économique« .
« La dynamique sur le changement climatique en 2007 a été due aux séries d’évaluations du GIEC. Aujourd’hui, le rapport de synthèse final présente cette science complexe dans une forme beaucoup plus compréhensible pour que les décideurs réunis à Bali puissent non seulement comprendre le défi, mais aussi prendre des décisions collectives appropriées pour un régime décisif de réduction d’émissions pour l’après 2012« , a-t-il ajouté.
« Ce rapport pour les décideurs politiques est également un guide du citoyen pour engager les dirigeants politiques, les membres du Parlement, les autorités locales, les directeurs généraux des sociétés nationales dans un débat public sur ce qui doit se passer maintenant« , a ajouté Mr. Steiner.
Augmenter les efforts de recherche
Michel Jarraud, Secrétaire général de l’OMM, a dit: « La science du changement climatique a été finalement et définitivement discutée en 2007 à la suite de la longue et transparente évaluations du GIEC. Un accord sur les évaluations du climat devrait stimuler l’action pour protéger les vies et les biens contre les risques naturels ainsi que réduire le risque de revers économiques et de conflits sur l’eau, la nourriture et l’énergie« .
« Maintenant que la question des changements climatiques est établie et reconnue, les efforts d’observation et de recherche doivent être augmentés, plutôt que diminués. En effet, les sociétés ont besoin de plus d’informations plus détaillées sur les impacts prévus aux niveaux régional et local pour répondre et s’adapter aux changements climatiques« , a t-il dit .
« Les individus, les entreprises et la société civile ne peuvent pas s’adapter seuls sans avoir des informations et des projections fiables, d’autant plus qu’ils doivent faire certains choix d’investissement, bien avant que les effets du changement climatique sont clairement visibles. Ils devraient avoir accès à une information adéquate et scientifique crédible sur le climat, des prédictions sur la période, l’ampleur et les effets des changements climatiques, à la connaissance de la sécheresse et des plantes résistantes aux inondations ainsi que de nouvelles techniques de culture« , a ajouté Mr. Jarraud.
Investissements massifs nécessaires
Le rapport fait un lien étroit entre les changements climatiques et l’ensemble de défis auxquels sont confrontés les pays en développement, en particulier la pauvreté, l’inégalité d’accès aux ressources, les conflits ainsi que la maladie. Sur une note plus positive, le rapport note que la lutte contre le changement climatique ne doit pas forcement détruire ou dérailler l’économie.
« Il y a un consensus et beaucoup de preuves du grand potentiel économique de la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines décennies« , si les gouvernements adoptent des politiques et des mesures d’incitation correctes, selon le rapport.
Réduire les émissions mondiales de dioxyde de carbone au niveau de 2005 par l’année 2030, nécessitera de grands investissements – « bien que le montant net des investissements supplémentaires nécessaires sont négligeables allant de 5 à 10% », conclut le rapport.
Le GIEC estime que les plus grandes perspectives des réductions des émissions proviennent des bâtiments, de l’industrie, de l’approvisionnement énergétique, l’agriculture ainsi que la sylviculture dans le cadre de divers scénarios basés sur les prix du carbone.
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