Hervé Grimaud, directeur général de Récylum, seul éco-organisme agréé pour la collecte et le recyclage des lampes usagées.
Votre activité est née il y a tout juste un an…
Tout à fait, nous représentons une des réponses apportées à la question des DEEE. Les particularités de notre branche sont à l’origine de la création d’un éco-organisme spécifique, mais nous faisons bien partie de la grande famille des DEEE.
Nous avons été créé afin de répondre à plusieurs problématiques. En terme de collecte, les lampes sont des produits qui s’associent plus aux piles et accumulateurs qu’aux réfrigérateurs. Elles sont détenues par beaucoup de personnes, professionnels comme particuliers. Les pouvoirs publics ont donc disposé par arrêté que toutes les lampes respecteraient la logique des déchets ménagers.
L’arrêté a donc donné la même obligation à tous les producteurs de lampes, tous les producteurs-metteurs sur le marché, de financer la filière pour que nous puissions organiser le plus facilement possible la collecte des lampes de tous les détenteurs, particuliers et professionnels en France.
Ce financement se fait par Eco-contribution ?
Toute société qui introduit en France des lampes, des fabricants, des importateurs ou des marques de distributeurs, se voit dans l’obligation de financer la filière. Ce financement se fait donc au travers de l’Eco-contribution (0,25? HT par lampe) qui est répercutée au consommateur, à l’utilisateur final, puis reversée par les producteurs à Récylum.
Concrètement, de quelles lampes parle-t-on ?
A ce sujet, la directive est relativement claire. Elle donne l’obligation aux producteurs de collecter et de recycler toutes les sources lumineuses à l’exception des ampoules à incandescence, c’est à dire les ampoules « classiques » et les halogènes..
On retrouve donc principalement le tube fluorescent que l’on appelle abusivement néon, alors même qu’il n’y a plus de néon dedans, les lampes fluocompactes, appelées le plus souvent « lampes à économies d’énergie ». Mais, on y trouve également des lampes à usage plus technique comme celles à usage de voirie, ou celles éclairant les vitrines des commerçants qui sont à iodure métallique, des lampes sodium, des lampes à vapeur de mercure… et les LED.
Pourquoi est-il donc indispensable de collecter toutes ces lampes ?
Ces lampes ont des vertus environnementales lorsqu’on les utilise. D’une manière générale, elles consomment cinq fois moins d’électricité pour la même lumière produite et elles durent dix fois plus longtemps, donc génèrent dix fois moins de déchets. En revanche, elles ont un petit défaut.
Pour atteindre ces caractéristiques, il est nécessaire de mettre un peu de mercure à l’intérieur. Ce sont des quantités très faibles : les 100 millions de lampes mise sur le marché français chaque année représentent environ 800 kg de mercure. Ce chiffre est faible par rapport à d’autres problématiques environnementales mais cela mérite tout de même d’être ramassé proprement. D’autant plus que ces lampes à économie d’énergie se recyclent très bien puisqu’on les recycle pour 93 % de leur poids, et on les valorise pour 97% de ce poids.
Et que deviennent ces lampes ?
Le verre des tubes fluorescents est réutilisé pour faire du verre de tubes fluorescents neufs. Le verre des lampes fluocompactes est utilisé pour faire des abrasifs, des céramiques. On travaille actuellement sur une filière susceptible d’en faire un isolant type laine de verre. Les parties métalliques sont quant à elles réutilisées dans la filière métal.
Le mercure est totalement récupéré, puis est purifié et retourne dans la filière mercure. Il est faut noter que 40% des besoins mondiaux en mercure « neuf » sont issus du recyclage.
Les petits circuits imprimés et autres composants tels que les petites parties en plastique par exemple, sont quant à eux valorisés thermiquement. Au final, mis à part la poudre fluorescente qui représente moins de 3% du poids de la lampe, tout est soit réutilisé, soit valorisé.
Quelle était la situation avant la loi ?
Les lampes n’auraient pas dû être jetées avec les autres déchets, mais force est de constater qu’à défaut d’avoir une filière organisée, elles finissaient pour 85% d’entre-elles là où il ne fallait pas. Notre mission est donc d’inverser ce ratio.
Notre objectif est certes ambitieux, mais nous espérons atteindre les 70% de taux de collecte d’ici quelques années. Aujourd’hui, nous nous situons autour de 36% pour l’année.
Comment fonctionne votre collecte ?
Nous avons organisé notre propre logistique avec des sous-traitants collecteurs de déchets qui travaillent pour nous. Tous les distributeurs ( hypermarchés, magasins de bricolage, grossistes en matériel électrique…) dont l’obligation légale est de reprendre les lampes usagées de leurs clients s’inscrivent chez nous afin de devenir Point de collecte Récylum. Il en va de même pour les déchèteries, qui n’ont pas d’obligation légale mais peuvent proposer à leurs habitants la récupération de leurs lampes usagées. Enfin, les détenteurs professionnels (entreprises, administrations, etc.) qui possèdent d’importantes quantités de lampes usagées, peuvent également devenir Point de collecte, mais non ouvert au public
Des logisticiens déposent alors des containers dans leur locaux et une fois que le conteneur est plein, les détenteurs se connectent à notre site internet, et font une demande d’enlèvement. Le logisticien de la zone concernée va alors chercher le container, le dépose sur une plate-forme de regroupement d’où ils sont ensuite transportés jusqu’au centre de recyclage.
Parallèlement à cette logistique, il y a de nombreux opérateurs de collectes des déchets qui ne travaillent pas du tout sous notre contrôle mais qui offrent des services d’enlèvement des lampes en même temps que d’autres déchets, qui se chargent de les regrouper et nous allons les chercher.
Quelle stratégie pour atteindre l’objectif fixé de 70% ?
Il faut multiplier les moyens. Dans un premier temps, il s’agit de multiplier les points de collecte. Plus il est facile de déposer sa lampe, plus les personnes seront incitées à le faire. Cependant, il ne faut pas atomiser les points de collecte non plus, il ne s’agit pas d’enlever 50 lampes par point de collecte et par an, cela deviendrait non seulement ingérable mais en plus l’impact écologique serait négatif en raison de transports inutiles. Le maillage du réseau doit donc être suffisamment dense tout en restant raisonnable.
Il faut également communiquer afin que le plus grand nombre connaisse l’existence du dispositif. Cette communication peut prendre diverses formes. Cela peut se faire à travers la presse, les ondes radio, pour faire passer des messages. Mais une manière également très efficace est de se placer sur le lieu de vente. Nous travaillons aujourd’hui avec les distributeurs grand public pour déployer dans les magasins un meuble de collecte dans lequel les consommateurs pourraient déposer directement leurs lampes usagées.
Parallèlement, il s’agit également d’informer les professionnels. Sur ce point, un gros travail est fait avec les installateurs électriciens pour leur demander d’informer leur client sur l’existence de la filière et lorsqu’ils ont un chantier, on leur demande alors d’évacuer les lampes et de nous les confier. Enfin, une grosse opération d’approche directe et de sensibilisation de plusieurs dizaines de milliers d’entreprises en France est en cours.
Quel bilan tirez-vous de cette première année ?
Il reste encore beaucoup de chemin à faire mais c’est encourageant. Nous sommes tout de même passé de 15% de lampes collectées il y a un an à aujourd’hui 36% des tonnages mis sur le marché en 2007. Evidemment, ce sont les tonnages les plus faciles, la progression du début est toujours la plus simple. Les suivantes font être plus difficiles, il va falloir aller de plus en plus loin dans la communication et dans la mobilisation.
En tant qu’éco-organisme agréé, vous êtes soumis à des contrôles ?
Nous sommes un éco-organisme à but non lucratif donc l’arrêté ministériel qui autorise notre activité nous interdit d’utiliser les sommes que nous recevons des producteurs à autre chose que l’information des détenteurs pour les inciter à la collecte sélective, à la logistique et au recyclage. Si à la fin de l’année il nous reste des fonds, nous les réutilisons pour la même mission l’année suivante.
Nous sommes donc sous contrôle rapproché des pouvoirs publics, c’est à dire que notre agrément peut nous être retiré à tout moment. Tous les deux mois, nous rendons compte de nos activités, de notre objectif, des moyens déployés pour l’atteindre, à la commission d’agrément, composée d’une cinquantaine de membres sous l’égide du ministère de l’Ecologie. Nous avons obtenu en août 2006 l’agrément pour trois ans, comme tous les éco-organismes.
> Pour en savoir + : www.recylum.com
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