Pendant plus de 30 ans, Daniel Pajaud, professeur à l’université de Jussieu, a respiré quotidiennement des poussières d’amiante. En 2003, ce paléontologue et géologue réputé est décédé des suites d’un cancer qui l’a emporté en quelques mois.
« Mon père nous racontait à mes frères et moi que chaque matin, il lui fallait commencer par essuyer la poussière sur son bureau. Cela a duré pendant des décennies« , a déclaré son fils Jean-Luc au quotidien « Ouest France » paru hier. Cette poussière, c’était de l’amiante.
« Le problème de l’amiante là-bas a été connu très tôt. Quelques personnes se mobilisaient d’ailleurs déjà mais mon père, comme la plupart des gens qui y travaillent, pensait qu’ils exagéraient. Il se contentait de se plaindre de cette poussière qui envahissait tout« , a-t-il continué.
Une exposition passive à l’amiante
Quatre ans après avoir pris sa retraite, son père découvre qu’il a un mésothéliome, un cancer de la plèvre. Après 11 mois d' »atroces souffrances, sous respirateur« , Daniel Pajaud décède en novembre 2003.
« Le plus étonnant, c’est que l’on n’a pas vraiment parlé de l’amiante pendant la maladie de mon père. (…) Dès qu’on la lui a annoncé, il a bien sûr fait le rapprochement, mais on en a peu discuté. On s’est concentrés sur la maladie« .
« Mon père est une des premières victimes d’exposition passive à l’amiante, et je n’hésiterai pas à me porter partie civile pour le prouver« , a ajouté Jean-Luc Pajaud qui attend beaucoup d’un procès qui pourrait mettre plusieurs années avant d’ouvrir. « Certaines preuves sont sous scellés, car elles doivent d’abord être désamiantées« . Aujourd’hui, encore 1/3 de la faculté de Jussieu n’a toujours pas été désamiantée.
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