A six mois de la présidence française de l’Union européenne, Michel Barnier, qui a délocalisé toute la semaine son bureau à Bruxelles, affirme haut et fort qu’il entend bien réformer la Politique Agricole Commune au plus vite afin de contrer les « appétits destructeurs » du Royaume-Uni.
Les responsables français ont en effet fait savoir toute cette semaine que la France ne se contenterait pas des ajustements proposés par la Commission européenne dans son « bilan de santé » de la PAC. « Mon intention n’est pas de me limiter aux seules questions que posent la Commission » précise le ministre français.
Paris souhaite en effet une profonde réforme de la PAC de l’après-2013, afin d’adapter la politique à la nouvelle donne mondiale où la pénurie risque de remplacer les excédents. »Pour l’économie agricole, c’est une chance et une nouvelle époque. Nous devons imaginer l’avenir » précise l’ex-commissaire européen.
Mais l’objectif de la France est aussi tactique. Il s’agit avant tout d’éviter que les discussions sur le budget de l’Union, qui interviendront en 2010,ne viennent entacher le débat agricole. En effet, le Royaume-Uni, et ses alliés, entendent bien utiliser ce débat budgétaire afin de signer l’arrêt de mort de l’Europe verte, qu’ils qualifient de « vieille politique », sans aucune raison d’être si ce n’est absorber plus de 40 milliards d’euros par an.
Une vision de marché
Michel Barnier dénonce alors la « vision anglo-saxonne » d’une agriculture laissée au marché, « comme si c’étaient des ordinateurs ou des téléphones portables« . Il estime plutôt que dans un contexte où le cours des matières premières explosent, il faut au contraire une politique agricole européenne forte et ce, afin d’assurer l’autonomie de l’Europe et nourrir les neuf millions de personnes que comptera la planète en 2050.
« On a besoin d’un grand budget agricole » conclut le mnistre ajoutant que la « préférence communautaire » chère à Nicolas Sarkozy passe par ce budget important ainsi que par « une architecture de tarifs douaniers » pour protéger le marché européen et un « renforcement des contrôles de qualité et des normes sanitaires des produits qui rentrent chez nous ».
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