Long de 1.200 kilomètres, il courra sur les fonds de la mer Baltique : d’ici 2012, le projet de gazoduc « Nord Stream » devrait relier la Russie et l’Allemagne. Selon ses défenseurs, il offrira une nouvelle route d’approvisionnement en gaz à une Europe inquiète de sa dépendance énergétique. Selon les signataires de deux pétitions étudiées au Parlement européen, ses conséquences sur l’environnement seront catastrophiques. Une audition s’est tenue le 29 janvier sur le sujet.
Un accord signé en 2005 entre la Russie et l’Allemagne a scellé l’avenir du gazoduc « Nord Stream ». Installé sur les fonds de la mer Baltique et long de 1200 kilomètres, il devrait relier les deux pays et acheminer le gaz russe vers l’Allemagne et l’Europe, en contournant les pays baltes et la Pologne.
Un projet de gazoduc controversé…
A l’heure où l’Europe cherche à sécuriser ses sources d’approvisionnement en pétrole et en gaz, ce projet a d’abord obtenu un soutien des européens. Le Commissaire européen à l’énergie, Andris Piebalgs, défend ainsi l’argument selon lequel le gazoduc permettra à l’Europe de diversifier ses routes d’approvisionnement en énergie.
Pourtant, experts et ONG dénoncent les dangers environnementaux du projet. Le 29 janvier, une audition s’est penchée sur la controverse, en présence de représentants de Nord Stream, du Commissaire européen à l’énergie, d’experts environnementaux et d’ONG.
…dans une mer déjà très polluée
La mer Baltique est une mer presque fermée et peu profonde. Très polluée, notamment par des résidus de la seconde guerre mondiale (armes chimiques et déchets nucléaires, sous-marins coulés jonchent son sol), la mer Baltique est aussi une zone de surpêche. Pas étonnant donc que le projet de gazoduc, qui implique de creuser les fonds marins -parfois à l’aide d’explosifs- et d’utiliser des substances chimiques, suscite des débats.
Présent lors de l’audition, le représentant de Nord Stream (une société détenue à 51% par le géant russe Gazprom et par des entreprises allemandes et néerlandaises), Dirk von Ameln, a assuré que le projet respectait toutes les règles et normes légales, en particulier environnementales. Une étude d’impact environnementale, obligatoire selon le droit européen, est actuellement en cours et la construction n’a pas encore commencé, a-t-il répété.
Est-ce vraiment nécessaire au vu des risques ?
Mais ses arguments ont été confrontés à ceux de deux pétitionnaires, le Polonais Krzysztof Maczkowski et le Lituanien Radvil? Mork?nait?. Tous deux ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de signatures pour dénoncer le projet Nord Stream. En cause : les conséquences pour la faune et la flore d’une mer autour de laquelle vivent 85 millions de personnes et qui est déjà très polluée par toutes sortes de substances chimiques ou radioactives.
« Faut-il mettre en danger la santé des habitants et leur environnement pour ce projet ?« , a ainsi questionné le Lituanien Radvil? Mork?nait? lors de l’audition. Il a appelé à suspendre le projet dans l’attente d’une étude d’impact environnemental approfondie. Le Polonais Krzysztof Maczkowski a, de son côté, rappelé que le gazoduc passerait dans des zones protégés (Natura 2000) et qu’il serait donc préférable qu’il soit terrestre plutôt que sous-marin.
Enfin, lors du débat, plusieurs députés européens ont préféré souligner un aspect plus géostratégique du projet : le manque de confiance entre l’UE et la Russie n’empêchera-t-il pas son bon fonctionnement ?
Un mot a cependant mis tout le monde au diapason : la transparence. Dans l’attente de l’étude d’impact environnemental, un rapport devrait être prochainement rédigé au Parlement européen. Son auteur, le député polonais Marcin Libicki (Union pour l’Europe des Nations), devrait le présenter au cours de l’été prochain en session plénière.
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