Trois des plus importantes banques d’investissement américaines viennent d’annoncer l’établissement de principes permettant d’évaluer et d’intégrer les risques « carbone » dans leurs décisions de financement des nouveaux projets de centrales électriques au charbon.
La stratégie de ces banques, Citigroup, JPMorgan Chase et Morgan Stanley, consistera désormais à investir en priorité dans des projets susceptibles d’absorber les conséquences technologiques et financières de l’instauration, aux Etats-Unis, d’un système de marché de permis d’émissions de gaz à effet de serre.
Les principes qui présideront aux décisions d’investissement intégreront des hypothèses conservatoires, par exemple un coût non nul des permis d’émissions pour les entreprises énergétiques (un schéma que la plupart des entreprises concernées récusent) ou encore une localisation et une conception des projets de centrales permettant la capture et la séquestration des gaz à effet de serre si cette stratégie s’avérait incontournable pour atteindre des objectifs de réduction à long terme. Les banques exigeront également que les entreprises énergétiques aient examiné, préalablement à un nouveau site de centrale au charbon, les possibilités de recours aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables. Enfin, elles demanderont des garanties aux entreprises quant à la possibilité de répercuter ultérieurement le coût des permis sur le prix de vente du kWh.
La décision des banques est généralement bien accueillie par les opérateurs électriques qui n’ont eu de cesse, dans les dernières années, de dénoncer un manque de visibilité réglementaire préjudiciable aux décisions d’investissement et d’appeler de leurs voeux l’instauration d’une politique fédérale de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Ces nouveaux principes d’investissement envoient un signal clair aux opérateurs, alors que la filière charbon doit planifier la construction de nouvelles unités et, surtout, le renouvellement de nombreuses installations ayant atteint, voire dépassé, leur limite d’âge. Dans la prochaine décennie, selon l’Energy Information Agency, entre 5 et 10 GW seraient concernés en rythme annuel, soit entre 20 et 50 centrales au charbon. D’une manière générale, entre 80 et 100% des capitaux nécessaires à la construction d’un nouveau site de centrale sont en effet apportés par le marché financier.
L’annonce, par les trois banques, de l’adoption de principes de prudence environnementale dans les investissements énergétiques fait écho à leurs contre-performances sur les marchés du crédit. La crise des prêts hypothécaires et produits dérivés (subprime) a en effet durement frappé les trois établissements. Au quatrième semestre, la crise financière actuelle aura entraîné pour eux des pertes cumulées de 43 milliards de dollars, dont 32 milliards pour Citigroup.
BE Etats-Unis numéro 110 (8/02/2008) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/52967.htm
Commentaires récents