Hier, lors du procès de l’hormone de croissance, le professeur Luc Montagnier, entendu comme témoin, a expliqué au tribunal correctionnel de Paris que dès 1980, il avait alerté des possibles risques sanitaires du traitement.
Le virologue qui travaillait alors à l’Institut Pasteur, a rédigé en 1980 une note dans laquelle il demandait qu' »une attention particulière soit portée au danger de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, un virus extrêmement résistant« . Il conseillait également d’écarter certains donneurs d’hypophyse « à risque« .
Si les recommandations du professeur Montagnier ont été adoptées par France Hypophyse, l’association qui se chargeait de la collecte des hypophyses, elles n’ont jamais été appliquées. Plus d’une centaine de personnes sont décédées de la maladie de Creutzfeldt-Jacob après avoir été traitées par des produits contaminés.
« Si mes conseils avaient été suivis, (…) on aurait réduit le risque de contamination des enfants », a déclaré hier Luc Montagnier. Dans les années 80, personne « ne pouvait imaginer qu’il y aurait une catastrophe d’une telle ampleur ». « Le problème de cette catastrophe, c’est qu’il y a eu une dilution des responsabilités. Il aurait été nécessaire à l’époque qu’il y ait une sorte de directeur, de chef, qui suive toutes les étapes« .
7 prévenus
Sur le banc des prévenus, Jean-Claude Job, ex-président de France-Hypophyse, Fernand Dray, ex-responsable d’un laboratoire de la fondation Pasteur, Henri Cerceau et Marc Mollet, anciens responsables de la Pharmacie centrale des hôpitaux, Jacques Dangoumau, ancien fonctionnaire du ministère de la Santé, Elisabeth Mugnier et Micheline Gourmelen, médecins, sont jugés pour « tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires« .
Fernand Dray a indiqué à la cour que le laboratoire dont il était responsable à l’époque n’était chargé que de transformer les hypophyses. Il ne surveillait pas la collecte faite par France Hypophyse. « J’avais confiance dans le travail fait » lors de la collecte, a-t-il précisé selon l’AFP.
Jean-Claude Job a quant à lui affirmé avoir diffusé la note du professeur Montagnier « à tous les membres« . Il a ajouté que face au risque il avait songé à tout arrêter. « J‘y ai pensé. J’ai consulté verbalement mes collègues pédiatres. Les réponses ont été unanimement négatives. Vous ne pouvez pas priver les enfants de ce traitement« .
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