S’il semble évident que les éoliennes contribuent à lutter contre le réchauffement climatique en n’émettant pas de gaz polluants, la Fédération environnement durable qui rassemble des associations opposées aux éoliennes ne semble pas de cet avis.
Marc Lefranc, vice-président de la fédération, a comparé l’évolution des émissions de CO2 des pays européens dans lesquels les éoliennes sont le plus développées. Etant donné que les turbines n’émettent pas de CO2, il serait donc logique que « ces pays devraient présenter un bilan particulièrement favorable ».
Mais, selon les chiffres de l’office statistique européen Eurostat, l’Allemagne qui possède un parc éolien de plus de 18.000 MW, a vu ses émissions de CO2 par habitant provenant du secteur de l’énergie augmenter de 1,2% entre 2000 et 2005. Avec plus de 10.000 MW éoliens, l’Espagne a connu une hausse de ses émissions polluantes par de 10,4 % sur la même période.
Un bilan « discutable »
Au Danemark, les émissions de CO2 ont diminué de 11%. Pour Marc Lefranc, l’augmentation des importations danoises d’électricité explique en grande partie ce « véritable exploit environnemental ». Selon le document publié par la Fédération environnement durable, le bilan du développement de l’éolien est « très décevant du point de vue économique et environnemental ».
« Les éoliennes me font penser aux agrocarburants de première génération », a expliqué au quotidien « Le Monde » paru jeudi Marc Lefranc. « Au début, on pensait que c’était bien, et puis quand on a fait le bilan environnemental, on s’est aperçu que c’était très discutable. Par rapport au changement climatique, la première chose à faire est de mettre en place les techniques d’économies d’énergie. Et ensuite, de hiérarchiser les énergies renouvelables pour investir à bon escient. »
Un gain absorbé
« Si la consommation augmente quand la population augmente, cela absorbe le petit gain permis par l’éolien », a déclaré Pierre Radanne, expert indépendant. « Il est sûr que, si l’on ne fait pas d’effort d’économies d’énergie, l’éolien ne sert à rien », a ajouté Raphaël Claustre, directeur du Centre de liaison des énergies renouvelables. Pour Jean-Louis Bal, chargé des énergies renouvelables à l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe), « la première chose à faire est de réduire les consommations, mais personne ne le fait ».
Jean-Marc Jancovici, ingénieur et membre du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot a quant à lui précisé au journal : « Ce qu’on voit en Allemagne et en Espagne, c’est que plus d’énergies renouvelables ne signifie pas forcément moins de combustibles fossiles. En fait, les promoteurs de l’éolien font comme les promoteurs du nucléaire : ils favorisent une politique de l’offre, alors que c’est une politique de la demande qui est nécessaire. Mieux vaut inciter la société à accepter une hausse du prix de l’électricité qui la poussera à réduire sa consommation, que de développer l’éolien ».
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