Le tribunal correctionnel de Paris a continué à s’intéresser hier aux prélèvements et à la collecte des hypophyses, la glande crânienne utilisée jusqu’en 1988 pour fabriquer l’hormone de croissance.
Jusqu’en 1988, les hormones injectées à des enfants souffrant d’un retard de croissance étaient fabriquées à partir d’hypophyses prélevées sur des cadavres. Plus de 100 enfants sont décédés de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) après avoir été traités avec des glandes infectées et trois patients souffrent aujourd’hui de cette maladie incurable.
« Je n’ai jamais rempli une fiche ni tenu un registre… Aucun médecin ne s’intéressait à nos activités« , a déclaré l’un des garçons d’amphithéatre de l’hôpital Charles-Nicole de Rouen.
« Les prélèvements n’étaient répertoriés nulle part« , a ajouté l’un de ses collègues de l’hôpital Bicêtre, dans le Val-de-Marne. « Aucune consigne n’était donnée« , ont précisé d’autres garçons d’amphithéatre de l’hôpital Ambroise Paré de Paris.
Un médecin « étonné »
Le docteur Elisabeth Mugnier, qui figure parmi les 7 prévenus, était chargée de la collecte des hypophyses. Elle s’est dite « tout à fait étonnée » de ces pratiques. « Lorsque j’allais rencontrer les médecins ou les garçons d’amphithéatre, j’expliquais toutes les consignes de prélèvement« , a-t-elle indiqué.
Elle a assuré ne pas avoir lu la note rédigée par le professeur Luc Montagnier en 1980, dans laquelle il demandait qu' »une attention particulière soit portée au danger de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, un virus extrêmement résistant » et que soient également d’écartés certains donneurs d’hypophyse « à risque« .
« On a l’impression que vous n’aviez pas beaucoup de curiosité… Vous vous comportiez comme un coursier, Madame. Vous étiez médecin quand même« , a répondu la procureur au prevenu jugé pour « tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires« .
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