Le tribunal correctionnel de Paris a examiné hier les pratiques du laboratoire de recherche de l’institut Pasteur Uria.
Après s’être intéressé à la collecte des hypophyses, les glandes crâniennes prélevées sur les cadavres pour fabriquer l’hormone de croissance, la justice s’intéresse maintenant au traitement de ces glandes par l’Unité de Radio-Immunologie analytique (Uria), chargée entre 1973 et 1988 d’extraire l’hormone de croissance et de la purifier.
Aujourd’hui, plus de 100 enfants sont décédés de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) après avoir été traités avec des glandes infectées et trois patients souffrent de cette maladie incurable. Selon l’accusation, de « graves fautes d’imprudence et de négligence » ont été commises dans les années 80.
Des experts chargés d’étudier les pratiques d’Uria ont relevé « un certain flou » à la réception des hypophyses congelées. Ils ont également noté l’absence d’un protocole écrit, des fiches de renseignements incomplètes, ainsi que l’utilisation de tubes de verre mal désinfectés qui multipliaient les risques de contamination.
Des techniques « moins rigoureuses »
L’AFP a révélé que Olivier Bertrand, directeur de recherche à l’Inserm, a indiqué lors de l’audience que « l’erreur » était d’avoir confié la purification de l’hormone à un laboratoire de recherche dont les techniques sont « moins rigoureuses » que celles d’un groupe pharmaceutique. « En pharmacie, il y a un contrôle permanent, alors que dans la recherche, il y a une certaine flexibilité« .
Les pratiques d’Uria « sont tout à fait acceptables dans des laboratoires de recherche mais pas dans l’industrie pharmaceutique« , a-t-il ajouté. « Je pense qu’il travaillait très bien, très bien pour un laboratoire de recherche, mais il n’aurait pas dû fabriquer un médicament. Mais ce n’était pas facile de dire non, et sur quels arguments ?« .
Jean-Claude Job, ancien président de France Hypophyse, l’association qui se chargeait de la collecte des hypophyses, a expliqué qu’il a confié la purification de l’hormone de croissance à Uria parce que les groupes pharmaceutiques sollicités n’étaient pas intéressés par la production de ce médicament.
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