Le tribunal correctionnel de Paris s’est intéressé jeudi aux méthodes utilisées par le laboratoire de l’institut Pasteur chargé d’extraire l’hormone de croissance.
Entre 1973 et 1988, l’Unité de Radio-Immunologie analytique (Uria) était chargée d’extraire et de purifier l’hormone de croissance, fabriqué à partir d’hypophyses prélevées sur les cadavres. Ces hormones étaient injectées à des enfants souffrant d’un retard de croissance.
Des négligences commises lors de l’extraction et de la purification des hormones par l’unité de l’institut Pasteur, lors des prélèvements et de la collecte des glandes crâniennes par France Hypophyse, dans le conditionnement de l’hormone en médicament par la Pharmacie centrale des hôpitaux, expliqueraient que certaines hypophyses infectieuses aient été administrées à des enfants. Aujourd’hui, plus de 100 enfants sont décédés de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) et trois patients souffrent de cette maladie incurable.
« Pas de purification totale »
Michel Keller, technicien de laboratoire dans les années 70 et 80 qui procédait aux manipulations, a estimé qu’il « n’y a pas de purification totale. Il n’y a pas de perfection« , a rapporté l’AFP. « On aurait pu utiliser des techniques plus poussées, mais les coûts auraient été beaucoup plus importants… au pifomètre 100 fois plus cher« .
Joëlle Chabry, chercheuse à l’Inserm, a indiqué que le prion, agent infectieux de la MCJ, « est une protéine qui s’accroche à tout, même au verre et au métal. On a beaucoup de mal à s’en débarrasser. Et même aujourd’hui, on ne sait toujours pas décontaminer les instruments de neurochirurgie« .
Michel Keller s’est rappelé que les hypophyses congelées livrées par l’association France Hypophyse, qui avait le monopole de l’hormone de croissance, n’étaient pas toujours en bon état. Certaines étaient « coupées en deux, ou avec des fragments d’os« .
« Il me semblait qu’il y avait des opérations pas assez pointilleuses » dans les hôpitaux où étaient prélevées les hypophyses, a-t-il ajouté. Selon lui, les collecteurs, qui « en étaient conscients (…) en ont fait état plusieurs fois aux gens des hôpitaux et de France Hypophyse« .
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