Les scientifiques soutiennent l’Institut Pasteur

justice_02.jpgDans le procès de l’hormone de croissance qui se tient actuellement au tribunal correctionnel de Paris, deux Prix Nobel de médecine ont été appelé la semaine dernière pour témoigner en faveur de l’Institut Pasteur.

L’Unité de radio-immunologie analytique (URIA), un laboratoire de l’institut Pasteur, et Fernand Dray, ancien directeur du laboratoire, sont soupçonnés d’avoir commis de « graves fautes d’imprudence et de négligence » dans l’extraction et la purification de l’hormone de croissance fabriquée à partir de l’hypophyse, une glande crânienne prélevée sur les cadavres.

Des experts chargés d’étudier les pratiques d’Uria ont relevé « un certain flou » à la réception des hypophyses congelées. Ils ont également noté l’absence d’un protocole écrit, des fiches de renseignements incomplètes, ainsi que l’utilisation de tubes de verre mal désinfectés qui multipliaient les risques de contamination.

Pour l’accusation, ces « fautes » se sont ajoutées à celles commises lors du prélèvement, de la collecte des glandes et de la fabrication du médicament final. Aujourd’hui, plus de 100 enfants sont décédés de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) après avoir été traités avec des glandes infectées et trois patients souffrent de cette maladie incurable.

Un « excès d’indignité » non mérité

« L’Institut Pasteur ne mérite pas cet excès d’indignité« , a déclaré jeudi soir Edmond Fischer, prix Nobel de médecine en 1992. Penser qu’une protéine, comme le prion, puisse être un agent infectieux, « c’était contre le dogme de tout ce qu’on savait sur la biochimie. 25 ans en biologie, c’est un siècle« , a rapporté l’AFP.

Vendredi, Stanley Prusiner, lauréat du prix Nobel de médecine en 1997 pour avoir « découvert » le prion, agent infectieux responsable de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, a précisé qu’il n’avait été alerté sur les risques de contracter la MCJ via des traitements à l’hormone de croissance qu’en 1985. « J’ai été véritablement surpris. Je n’avais jamais pensé à cette possibilité« , a-t-il déclaré.

Pourtant, les parties civiles ont précisé que dès 1976, le professeur Alan Dickinson, de l’Institut vétérinaire d’Edimbourg, avait lancé la première mise en garde.

« A l’époque, cela avait été quasiment passé sous silence. Personne n’a embrayé sur ses travaux pendant neuf ans« . « Je suis perplexe, voire choqué quand j’entends des gens dire qu’ils savaient… Nous devons des excuses personnelles et collectives aux familles mais honnêtement, je n’avais pas anticipé » ce drame, a-t-il ajouté.

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