Une enquête en profondeur du WWF démontre que la capacité de pêche au thon rouge des pays méditerranéens représente le double du quota de prise autorisé.
Dans un communiqué de l’organisation, Sergi Tudela, responsable pêche au WWF-Méditerranée affirme que le rapport « démontre l’absurdité d’un système totalement hors contrôle où on a laissé de plus en plus de bateaux courir après une ressource qui s’épuise de plus en plus vite« . Aujourd’hui, 25 nouveaux thoniers senneurs sont encore en construction en Turquie, Italie, Espagne, Croatie et Tunisie. Or, les flottes sont en surcapacité par rapport à l’état des stocks.
« C’est l’échec de la gestion internationale des pêches d’avoir mis en place une aberration en Méditerranée. Les décideurs vont devoir se montrer courageux s’ils veulent sauver le thon rouge de ce destin tragique« , prévient-il.
Une flotte surdimensionnée
Dans son rapport, le WWF estime que pour respecter les quotas imposés en 2008 par la Commission Internationale pour Conservation des Thons d’Atlantique (CICTA) la flotte méditerranéenne ne devrait pas dépasser 229 thoniers senneurs, soit environ un tiers des 617 qu’elle comprend aujourd’hui. Cette flotte surdimensionnée doit pêcher au minimum 42 000 tonnes de thon rouge simplement pour couvrir ses coûts, soit 13000 tonnes de pêche illégale.
« Tous ces nouveaux bateaux sont tellement modernes et coûtent si cher que les pêcheurs sont forcés de pratiquer une pêche illégale pour survivre« , observe Sergi Tudela. C’est en Turquie, en Italie, en Croatie et en Libye que la situation est la plus critique, mais la plupart des pays sont concernés. Pour adapter leur capacité de pêche aux quotas de 2008, l’Italie devrait réduire sa flotte de 17 thoniers senneurs (36%), la France de 15 thoniers senneurs (45%) et l’Espagne de 2 thoniers senneurs (34%).
Mais pour respecter les recommandations des scientifiques et envisager un avenir pour le Thon rouge, cette réduction devrait atteindre 31 bateaux (67%) pour l’Italie, 23 navires (72%) pour la France et 4 (66%) pour l’Espagne. Selon le WWF, on mesure donc à la sévérité de ces chiffres l’étendue de l’irresponsabilité des autorités de gestion de la pêche qui ont laissé se développer une situation qui ne peut aboutir qu’à un désastre économique, social et écologique pour l’ensemble des acteurs.
Réduction nécessaire de la flotte
Le WWF appelle donc les pays concernés à réduire absolument leur capacité de flotte d’ici la prochaine saison de pêche qui commence fin avril prochain. Il encourage aussi l’ICCAT (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés en Atlantique) à proposer des solutions radicales. Avant que cette pêche ne soit totalement réorganisée, le WWF continue à recommander la fermeture de la pêche, et à soutenir les nombreux distributeurs, restaurants, chefs et groupes de consommateurs qui boycottent le thon rouge méditerranéen. « Il est urgent d’agir maintenant avant que le thon rouge ne devienne qu’un souvenir. »
Commentaires récents