Vendredi, le tribunal correctionnel de Paris s’est demandé pourquoi la France a interdit l’utilisation de l’hormone de croissance d’origine humaine 3 ans après les Etats-Unis.

Suite aux décès de plusieurs jeunes traités avec l’hormone de croissance prélevée sur des cadavres, les Etats-Unis décident en 1985 d’interdire au fabricant danois Kabi de commercialiser l’hormone de croissance d’origine humaine.

Comme le rapporte l’AFP, le 27 avril 1985, Kabi annonce qu’il arrête sa production d’hormone de croissance. Pour Fernand Dray, chef de l’Unité de Radio-Immunologie analytique (Uria) de l’institut Pasteur, les décès aux Etats-Unis sont dus à la méthode d’extraction américaine, « ancienne » et « vraiment impure« .

Henri Cerceau, directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) chargée de conditionner l’hormone de croissance en médicament dans les années 80, quant à lui se demande s’il ne s’agit pas « d’un magnifique coup de marketing de Kabi pour lancer son hormone de synthèse« .

Des mesures prises dès 1985

Début mai 1985, un avis sur l’hormone de croissance est demandé à Jacques Dangoumeau, directeur de la pharmacie au ministère de la Santé, qui répond que « la qualité du système français (…) justifie de ne pas interrompre le très remarquable travail réalisé par France Hypophyse« . « Je me suis un peu laissé aller. J’en ai remis une louche. Ils voulaient entendre qu’ils travaillaient bien. Cela ne mange pas de pain« .

En 1985, plusieurs pays dont la Grande-Bretagne, le Canada, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède, interdisent la commercialisation de l’hormone de croissance d’origine humaine, alors que la France décide de continuer sa production en inactivant à l’urée le prion, agent infectieux de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ). Mais, selon l’accusation, tous les anciens lots mis sur le marché ne sont pas rappelés et sont injectés aux enfants.

Il faudra attendre juin 1988 pour que la France décide de préférer l’hormone de croissance de synthèse à celle d’origine humaine.