A l’occasion de la journée mondiale de l’eau du 22 mars 2008, la Coalition Eau, regroupement de 22 ONG françaises (CCFD, Eau Vive, France Libertés, Green Cross France, GRET, Hydraulique Sans Frontières, Secours Catholique, WWFFrance, …) interpelle les nouveaux élus municipaux. Elle insiste sur le rôle primordial que les maires doivent jouer dans l’accès à l’eau pour tous, la gestion et la protection de cette ressource vitale sur leur territoire et dans le cadre d’actions de solidarité internationale.
La Coalition Eau veut attirer l’attention sur la crise actuelle de l’eau qui s’aggrave dans l’indifférence générale, alors même que des réponses existent. Tous les acteurs doivent jouer un rôle pour faire cesser l’immobilisme actuel, des Etats aux associations, en passant par les citoyens et les organisations internationales
Au lendemain de ces élections, la Coalition Eau a décidé d’interpeler des acteurs qui pourraient bousculer la donne : les maires de France. Acteurs de référence aguerris aux réalités du terrain, chargés du bien-être concret de leurs administrés, ils sont considérés par la Coalition Eau comme des alliés potentiels pour passer à l’action de façon concrète. Ils sont aussi de puissants leviers susceptibles d’entraîner d’autres acteurs dans ce combat.
3 dossiers préoccupants
La Coalition invite donc ces nouveaux élus à assumer leurs responsabilités, à s’engager résolument sur 3 dossiers préoccupants, pour un mandat qui doit être celui de l’action menant à l’eau pour tous :
– Agir, ici, pour un service public accessible et universel. Populations en difficulté, controverses sur les prix de l’eau, transparence : la France a récemment reconnu le droit à l’eau. Mais sans action des maires pour lui donner un sens localement, la garantie de l’accès à une eau saine pour tous les Français risque de rester un principe théorique. Dans un pays aussi riche que la France, le maire doit assurer à tous un accès à l’eau potable à un prix abordable : à lui de prendre les mesures opérationnelles qui donneront une résonnance concrète au droit à l’eau dans sa commune. Par exemple, en initiant une réflexion sur la tarification et l’affectation de l’argent de l’eau.
– Déployer leurs actions de coopération solidaire pour l’eau potable et l’assainissement. A l’heure où les
Nations Unies dénoncent une baisse de l’aide internationale pour un secteur pourtant indispensable à la dignité humaine, à la vie et au développement, les maires disposent d’un outil d’intervention qu’ils n’exploitent pas encore suffisamment. La coopération décentralisée et le mécanisme de la loi Oudin de janvier 2005 leur permettent de financer sur leur budget eau et assainissement, à hauteur de 1%, des actions de coopération décentralisée, d’aide d’urgence ou de solidarité pour l’eau et l’assainissement, et les encouragent à partager leurs compétences et savoir faire avec des collectivités locales du Sud. Encore trop peu utilisé, ce dispositif innovant est un des moyens permettant aux élus de partager leur expérience locale et de s’impliquer dans des partenariats efficaces Nord-Sud.
– Réagir à la mise en péril de nos ressources. Rapports inquiétants sur les taux de nitrates ou de pesticides dans les eaux, dénonciations des pollutions aux PCB, consommations excessives liées aux choix agricoles etc. L’état de nos ressources, déjà très inquiétant, soulèvera à terme des problèmes de santé publique et écologiques inextricables. Les maires doivent garantir et accélérer la protection des zones de captage exposées à ces pollutions. Ils peuvent aussi avoir une influence sur les acteurs économiques de leur territoire et ont un devoir de sensibilisation des usagers. Des maires ont déjà montré l’exemple, mais ce sont tous les maires de France qui sont concernés. Ne rien faire coûtera bien plus cher que d’engager des actions préventives: au nom de l’intérêt général, les maires doivent avoir le courage d’opérer des arbitrages.
L’équivalent de 20 crash d’Airbus par jour
La Coalition Eau sait que les maires sont très attendus par les citoyens français, par les acteurs de l’eau à l’international, et par tous ceux qui n’ont encore ni eau ni assainissement. En leur proposant de saisir ce début de mandat pour passer à l’action, les ONG de la Coalition Eau s’engagent à partager leur expérience et leur connaissance du terrain pour accompagner les collectivités et les soutenir dans leur démarche.
D’une seule voix, les ONG de la Coalition concluent : « Le scandale de l’eau, c’est 8000 enfants qui meurent chaque jour de maladies liées à l’eau. Pour être mieux compris, cela s’apparente à 20 Airbus qui s’écrasent chaque jour dans l’indifférence. Et ça va en s’aggravant. Ce sont aussi des taux de pollution qui touchent la majorité de nos eaux de surface et souterraines ». Pour ces ONG, « les constats sont terribles mais les solutions sont à notre portée. Ensemble, élus et citoyens, nous avons un devoir de vigilance et d’action : cette ressource vitale doit être accessible à ceux qui en sont encore privés, et doit pouvoir le rester pour ceux qui ont la chance d’y avoir accès« .
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