La lutte contre la faim dans le monde entre dans une nouvelle ère. En cause, la tendance mondiale à la hausse structurelle des pris alimentaires. Plusieurs manifestations éclatent déjà dans les pays pauvres, qui entrent en lutte pour leur survie.
Lennart Bage, le président suèdois du Fonds international pour le développement agricole de l’ONU s’alarme. « La majorité des experts estiment que les prix élevés sont là pour longtemps« . En effet, selon les données de l’ONU, les prix alimentaires ont globalement augmenté de 35% entre fin janvier 2007 et janvier 2008. Pour l’année 2007, les chiffres de la FAO révèlent une hausse de 80% du prix des produits laitiers et de 42% du prix des céréales.
Face à ce phénomène, des manifestations éclatent dans de nombreux pays parmi les plus pauvres de la planète. Ainsi, à Mexico s’est organisée une manifestation contre le prix des tortillas, en Egypte des émeutes ont éclaté face à l’envolée du prix du pain, ou encore au Yémen, des enfants ont participé à une marche contre la faim. Dans certains pays, l’alimentation représente 70% des revenus des familles.
Il y a urgence
Selon plusieurs ONG, cette inflation « menace les récents gains contre la pauvreté et la malnutrition« . Gilles Hirtzel de la FAO, « le drame, c’est qu’on a désinvesti sur l’agriculture, et qu’on paye le prix de l’explosion démographique aggravé par des phénomènes de changement climatique« .
Face à cette situation, Robert Zoelling, le président de la Banque mondiale a proposé un train de mesures. « Il faut de toute urgence contrer les menaces immédiates pour répondre à la crise mondiale actuelle. Nous devons jeter les bases qui nous permettront de créer les meilleure opportunités et de susciter l’espoir pour tous et à long terme« .
Les biocarburants mis en cause
La Banque mondiale n’hésite pas à pointer du doigt les biocarburants, qui ont contribue selon elle à cette hausse des prix. Un point de vue que partage le Premier ministre britannique, Gordon Brown. Celui-ci a écrit, hier, à son homologue japonais, qui préside actuellement le G8, pour lui demander de mettre au menu du sommet de juillet prochain la question de l’impact des biocarburants sur les prix alimentaires.
Robert Zoellick a donc appelé à un « New Deal » alimentaire mondial. La Banque mondiale devrait entre autre doubler son aide à l’agriculture en Afrique. Il faut, précise-t-elle, aider financièrement les ménages les plus démunis. Et ne pas se laisser tenter par les interdictions d’exportations alimentaires, qui pénalisent les importateurs et n’incitent guère le pays producteur à augmenter sa productivité agricole.
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