Après qu’une étude publiée en décembre 2007 par le gouvernement allemand ait indiqué que les enfants de moins de 5 ans qui vivent à proximité d’une centrale nucléaire avaient plus de risques de souffrir d’un cancer, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié la semaine dernière une « revue critique » d’une centaine d’études ou rapports sur les cas de leucémies de l’enfant autour d’installations nucléaires.
Depuis les années 80, de nombreuses études descriptives ont estimé la fréquence des leucémies chez les jeunes vivant à proximité des installations nucléaires. Ces études montrent que des « excès localisés de cas de leucémies infantiles existent en Grande-Bretagne à proximité des usines de retraitement de Sellafield et de Dounreay, et en Allemagne à proximité de la centrale de Kruemmel. Néanmoins, l’ensemble des études multi-sites actuellement disponibles, y compris en France, ne montre pas d’augmentation de la fréquence des leucémies globalement chez les 0-14 ans ou 0-24 ans à proximité des sites nucléaires« , a précisé l’IRSN.
Selon une étude réalisée par l’Office fédéral allemand de protection contre les radiations, à moins de 5 km d’une centrale, le risque pour un enfant de moins de 5 ans de développer un cancer augmente de 60%, et même de 117% si on prend en compte uniquement les leucémies.
Manque de connaissances
D’après les conclusions de l’IRSN, cette observation n’a pas été retrouvée dans les études effectuées dans d’autres pays, y compris en France. « L’étude allemande publiée ne fournit aucune piste permettant d’expliquer l’excès observé. Par ailleurs, de nombreux travaux ont cherché des explications aux excès de leucémies observés autour de certains sites nucléaires en s’intéressant à de multiples facteurs de risque potentiels« , a indiqué l’IRSN.
« La détermination des causes des excès de leucémies observés localement à proximité de certains sites nucléaires est limitée par un déficit de connaissances sur les facteurs de risque des leucémies infantiles. Ce constat rend nécessaire le développement d’études analytiques de grande ampleur, au niveau national ou international« , a précisé l’institut.
Une étude contestée
Le réseau Sortir du nucléaire qui avait demandé qu' »une étude scientifique indépendante équivalente » soit menée en France a contesté « la légitimité » de l’IRSN à mener « une étude indépendante » sur la question des risques de cancers et leucémies autour des centrales nucléaires.
Pour le réseau, « cette étude ne doit pas être menée par l’IRSN mais par une structure réellement indépendante, comprenant des universitaires et des experts étrangers n’ayant aucune raison de protéger l’industrie nucléaire imposée depuis 50 ans par l’Etat français« .
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