Au cours d’un colloque international organisé par la Fondation allemande de l’environnement (DBU) et intitulé « Pharmacie durable », une cinquantaine d’experts ont discuté des mesures à entreprendre pour réduire les apports de résidus médicamenteux dans les eaux naturelles et préserver l’environnement des dommages causés par ces substances.
Ils sont parvenus à la conclusion qu’une stratégie intégrée, associant une approche durable dans le développement des médicaments, une utilisation respectueuse des médicaments par les pharmaciens, les médecins et les patients et un traitement de l’eau optimisé, était nécessaire.
Devant des experts de la recherche et de l’industrie, ainsi que des représentants de l’administration, de la gestion des eaux, de la médecine et de la recherche environnementale, le Prof. Kümmerer, de la clinique universitaire de Fribourg, a souligné que les médicaments étaient certes importants pour la santé et le bien-être humains, mais qu’il était aussi nécessaire de réfléchir à des solutions pour réduire leurs impacts environnementaux : « Une pharmacie durable suppose la prise en compte de l’ensemble du cycle de vie des médicaments, du développement jusqu’au traitement des déchets, en passant par la production et l’utilisation. »
La prise en compte des substances actives
Ainsi, en prenant les caractéristiques environnementales des substances actives plus fortement en compte dès leur développement, il est possible de se tourner plutôt vers des variantes plus respectueuses de l’environnement. Pour progresser dans cette voie, des méthodes assistées par ordinateur pourraient, à l’avenir, être employées, afin de développer de manière ciblée les substances actives. En outre, le développement de produits pharmaceutiques agissant de façon plus circonscrite au sein de l’organisme malade permettrait de réduire les doses et de limiter ainsi le risque de pollution.
Un autre levier d’action pour progresser vers une pharmacopée durable serait une classification des médicaments en fonction de leur impact sur l’environnement. D’après le Dr. Keil, de l’Institut de recherche socio-écologique (ISOE) de Francfort-sur-le-Main, « une telle classification environnementale accessible à tous permet d’ores et déjà aux médecins suédois de prescrire préférentiellement des médicaments respectueux de l’environnement« . Pour qu’un tel système soit adopté, la conscience des médecins et pharmaciens de cette problématique devrait être, au préalable, particulièrement éveillée.
Un traitement des eaux plus efficace
Même si des progrès importants pourraient être accomplis dans les premières étapes du cycle de vie des médicaments, une amélioration de l’efficacité du traitement des eaux usées reste indispensable, selon les experts. En effet, les substances médicamenteuses ne sont pas complètement dégradées par le corps humain et sont si stables que même les stations d’épuration modernes ne peuvent, la plupart du temps, rien faire contre.
Des concepts d’épuration durables doivent être développés, basés sur la séparation des différents types d’eaux usées dès leur lieu de production. Ces méthodes, qui font déjà l’objet d’un développement avancé, pourraient être mises en oeuvre lors de la construction de nouveaux lotissements et dans les hôpitaux. Il semble, par ailleurs, nécessaire de réfléchir à des mesures complémentaires pour les stations d’épuration communales.
Si toutes ces approches ne s’avéraient pas suffisantes, une réflexion sur les bases réglementaires devrait être engagée. Lors de ce colloque, les experts ont discuté de la création de mesures incitatives encourageant le développement de médicaments durables. Le Dr. Schaefer, expert à la DBU, considère que « chacun d’entre nous peut apporter sa contribution. En tant que patients, nous devrions toujours examiner les possibilités alternatives aux traitements médicamenteux qui sont souvent à notre disposition. Et il va de soi que les médicaments périmés ne doivent pas être jetés dans les toilettes mais mis à la poubelle, ou, mieux encore, rapportés en pharmacie« .
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