La maladie du sommeil affecte plus de 50.000 personnes dans le monde, surtout en Afrique sub-saharienne. Elle est causée par un parasite appelé trypanosome transmis par la mouche tsé-tsé. Une équipe de chercheurs CNRS vient d’identifier une nouvelle protéine au sein de ce parasite, dont l’absence empêche celui-ci de s’alimenter. Privé de nutriments, le parasite meurt.
D’une importance considérable, ces travaux permettent d’envisager des stratégies thérapeutiques prometteuses contre ce fléau. Ils sont publiés le 6 mai 2008 dans la revue PLoS Biology. Véritable problème de santé publique et économique en Afrique sub-saharienne, la maladie du sommeil menace potentiellement 60 millions de personnes réparties sur près de 36 pays africains. On estime actuellement que 50.000 à 70.000 personnes sont infectées. Cette maladie, toujours mortelle en l’absence de traitement, est provoquée par un parasite unicellulaire appelé trypanosome, lui-même transmis par la piqûre de la « fameuse » mouche tsé-tsé.
Le trypanosome vit dans le sang, la moelle osseuse et une zone spécifique du cerveau nommée liquide céphalo-rachidien. Il possède un constituant cellulaire original : la poche flagellaire. « Multi-fonctions, elle est en quelque sorte le tendon d’Achille du parasite« , précise Derrick Robinson, chargé de recherche CNRS au laboratoire « Microbiologie cellulaire et moléculaire et pathogénicité ». A son niveau, émerge le flagelle qui assure le déplacement du parasite. De plus, cette poche est l’unique lieu d’endocytose et d’exocytose. Ces deux processus permettent les échanges de « matériels » entre le parasite et son milieu environnant.
Une nouvelle protéine identifiée
S’intéressant à l’espèce Trypanosoma brucei brucei, spécifique des animaux, l’équipe de Derrick Robinson a identifié une nouvelle protéine, appelée BILBO1, nécessaire à la genèse de la poche flagellaire chez ce parasite.
Allant plus loin, les chercheurs ont mis en évidence que BILBO1 est responsable de la formation d’une structure particulière du cytosquelette (charpente de la cellule), qui soutient la poche flagellaire. Surtout, lorsque la protéine n’est pas exprimée dans le parasite, la cellule mère est incapable de fabriquer une nouvelle poche nécessaire à la production d’une cellule fille. Ce trypanosome « aberrant » s’avère alors incapable d’avoir des échanges avec le milieu environnant et, par voie de conséquence, d’incorporer des nutriments assurant sa survie. Par accumulation de déchets qui ne peuvent être expulsés via exocytose, les cellules gonflent, ne se déplacent plus correctement et ne se divisent plus. Il suffit donc de bloquer BILBO1 pour que le parasite soit anéanti.
Ces résultats laissent entrevoir des perspectives thérapeutiques prometteuses. Ils permettent d’envisager l’utilisation de la protéine BILBO1 comme nouvelle cible pour des médicaments trypanocides.
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