Le « bilan de santé » modernisera la PAC

Arrosage_cultures.JPGLa Commission européenne a proposé hier de moderniser davantage, de simplifier et de rationaliser la politique agricole commune, ainsi que de lever les derniers obstacles empêchant les agriculteurs de répondre à la demande croissante de produits alimentaires. À l’issue de ce processus, baptisé «bilan de santé de la PAC», les paiements directs seront encore moins liés à la production qu’aujourd’hui, ce qui permettra aux agriculteurs de prendre en compte, autant dans toute la mesure du possible, les signaux du marché.

Parmi l’éventail de mesures proposées figurent la suppression des jachères obligatoires et l’augmentation progressive des quotas laitiers, avant leur disparition en 2015, ainsi qu’une réduction de l’intervention sur les marchés. Ces modifications libéreront les agriculteurs de contraintes inutiles et leur donneront la possibilité de maximaliser leur potentiel de production.

La Commission propose également une hausse de la modulation, mécanisme qui consiste à réduire les paiements directs en faveur des agriculteurs pour affecter les fonds correspondants au budget du développement rural. Grâce à cette adaptation, il sera possible de mieux répondre aux nouveaux défis et opportunités auxquels l’agriculture européenne doit faire face, y compris le changement climatique, la nécessité d’une meilleure gestion de l’eau et la protection de la biodiversité.

S’adapter rapidement aux signaux

«L’objectif du bilan de santé est avant tout de permettre à nos agriculteurs de répondre à une demande croissante et de s’adapter rapidement aux signaux que leur envoie le marché», a déclaré Mariann Fischer Boel, membre de la Commission chargé de l’agriculture et de développement rural. «Il s’agit aussi de simplifier, de rationaliser et de moderniser la PAC et de donner à nos agriculteurs les outils qui leur permettront de faire face aux nouveaux défis qui se présentent à eux, comme le changement climatique

Selon le compte-rendu des travaux de la Commission, les mesures suivantes ont ainsi été décidées:

Suppression des jachères obligatoires:

La Commission propose de supprimer l’obligation faite aux exploitants de terres arables de maintenir 10 % de leurs terres en jachère. Cette mesure leur permettra de maximaliser leur potentiel de production.

Suppression progressive des quotas laitiers:

Les quotas laitiers auront entièrement disparu en avril 2015. Pour garantir un «atterrissage en douceur», la Commission propose de relever ces quotas au moyen de cinq augmentations annuelles de un pour cent entre les campagnes 2009/2010 et 2013/14.

Découplage des aides:

La réforme de la PAC a introduit le «découplage» des paiements directs aux agriculteurs, soit, en d’autres termes, la suppression du lien entre ces paiements et une production particulière. Néanmoins, plusieurs États membres ont choisi de maintenir certains paiements «couplés», c’est-à-dire liés à la production. La Commission propose aujourd’hui de supprimer les derniers paiements couplés et de les intégrer dans le régime de paiement unique (RPU), à l’exception de la prime à la vache allaitante ainsi que des primes aux ovins et aux caprins, que les États membres pourront maintenir couplées à leur niveau actuel.

Abandon progressif des paiements «historiques»:

Dans certains États membres, les agriculteurs perçoivent des aides dont le montant est calculé sur la base du soutien dont ils ont bénéficié au cours d’une période de référence. Dans d’autres, ces paiements sont déterminés sur une base régionale, par hectare. Avec le temps, le modèle «historique» devient de plus en plus difficile à justifier. C’est pourquoi la Commission propose d’autoriser les États membres à adopter un système de paiements plus uniforme.

Prolongation du RPUS:

Sur les douze derniers États membres ayant adhéré à l’Union, dix appliquent le régime de paiement unique à la surface (RPUS). Ce système est censé disparaître en 2010, mais la Commission propose de le prolonger jusqu’en 2013.

Conditionnalité:
L’aide aux agriculteurs est subordonnée au respect de normes dans les domaines de l’environnement, du bien-être animal et de la qualité des aliments. Les agriculteurs qui ne se conforment pas aux règles s’exposent à une réduction des aides dont ils bénéficient. Ce système, appelé «conditionnalité», sera simplifié; les normes jugées non adaptées seront supprimées, de même que celles qui ne relèvent pas de la responsabilité des agriculteurs. De nouvelles exigences seront ajoutées, destinées à préserver les avantages environnementaux des jachères et à améliorer la gestion de l’eau.

Aide aux secteurs rencontrant des problèmes spécifiques:

A l’heure actuelle, les États membres peuvent conserver, par secteur, 10 % de leur enveloppe budgétaire nationale destinée aux paiements directs et affecter cette somme, dans le secteur concerné, en faveur de mesures environnementales ou d’actions visant à améliorer la qualité des produits et leur commercialisation. La Commission veut rendre cet outil plus flexible. Ainsi, ces fonds ne devront plus obligatoirement être utilisés dans le secteur dont ils proviennent. Ils pourront servir à soutenir les producteurs laitiers, ainsi que les producteurs de viandes bovine, ovine et caprine dans les régions défavorisées, ou encore à promouvoir des mesures de gestion des risques, comme les systèmes d’assurance contre les catastrophes naturelles ou les fonds de mutualisation en cas de maladies animales. Enfin, les pays appliquant le RPUS pourront également recourir à ce mécanisme.

Transfert de fonds entre le budget des aides directes et celui du développement rural:

Aujourd’hui, tous les agriculteurs qui reçoivent des aides directes d’un montant supérieur à 5 000 ? voient ces paiements réduits de 5 %, les fonds correspondants étant transférés au budget du développement rural. La Commission propose de porter ce taux à 13 % d’ici à 2012. Des réductions supplémentaires seront opérées pour les grandes exploitations (le prélèvement additionnel s’élèvera respectivement à 3 %, 6 % et 9 % pour les exploitations percevant plus de 100 000 ?, 200 000 ? et 300 000 ?). Les fonds provenant de l’application de ce mécanisme pourront être utilisés par les États membres pour renforcer les programmes concernant le changement climatique, les énergies renouvelables, la gestion de l’eau et la biodiversité.

Mécanismes d’intervention:

Il ne faut pas que les mesures relatives à l’approvisionnement du marché freinent la capacité des agriculteurs à réagir aux signaux du marché. La Commission propose de supprimer l’intervention pour le blé dur, le riz et la viande de porc. Pour les céréales fourragères, l’intervention sera fixée à zéro, alors que pour le blé tendre, le beurre et le lait écrémé en poudre, un mécanisme d’adjudication sera introduit.

Limitation des paiements:

Les États membres devront prévoir un seuil de paiement de 250 ? par exploitation ou une superficie admissible minimale d’un hectare par exploitation, ou les deux.

Autres mesures:

Une série de petits régimes de soutien seront découplés et intégrés dans le RPU. Pour le chanvre, les fourrages séchés, les protéagineux et les fruits à coque, ce découplage sera immédiat. Pour le riz, les pommes de terre féculières et les fibres longues de lin, une période transitoire sera prévue. La Commission propose également de supprimer la prime aux cultures énergétiques.

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