C’est à celui qui frappera le plus fort. Après avoir été considérés comme l’énergie verte la plus prometteuse, les biocarburants essuient les critiques de toute part. Après Jean-Louis Borloo qui a exprimé ses réserves le week-end dernier, c’est au tour de Gordon Brown de prendre ses distances.
Interviewé par le « Guardian » hier, Gordon Brown a pris part à cette curée, en proposant un moratoire sur cette nouvelle énergie, accusée d’aggraver la crise alimentaire mondiale. Très précisément, le Premier ministre britannique a annoncé sa volonté de mettre en place un moratoire sur certains biocarburants, après avoir pris connaissance d’un rapport commandé par son cabinet.
A l’occasion d’une réunion informelle qui s’est tenue à Saint-Cloud le week-end dernier, les ministres européens avaient tenu à souligner que contrairement à ce qu’affirme Bruxelles, l’Europe n’avait fixé aucun objectif concret en matière d’utilisation des biocarburants dans les transports. Jean-Louis Borloo avait précisé de son côté que les biocarburants n’étaient plus la seule vérité, car « on est en train de changer d’avis à toute vitesse ».
La Banque mondiale accuse
Le quotidien anglais fait état également d’un rapport encore confidentiel de la Banque mondiale, qui condamnerait de manière virulente les biocarburants. Selon le Guardian, ce rapport établirait un lien direct entre le développement des biocarburants et la flambée du prix des denrées alimentaires qui ont augmenté de 75% depuis 2002. Ces conclusions viendraient renforcer le clan des opposants à cette énergie verte en confirmant que ces biocarburants rentreraient en concurrence frontale avec les cultures destinées à l’alimentation.
Ces affirmations sont évidemment fortement contestées par les céréaliers qui soulignent l’évolution rapide de l’alimentation dans les pays émergents et la baisse des stocks pour expliquer la conjoncture haussière des denrées alimentaires. Selon les producteurs céréaliers, les biocarburants auraient participé à l’augmentation des cours à hauteur de seulement 3% alors que l’OCDE chiffre son influence à 30%.
Qui croire ?
C’est sans doute le verre à moitié vide ou à moitié plein. Si tout le monde s’accorde à dire que les agrocarburants gagneraient à évoluer vers des matières qui ne rentreront plus à l’avenir avec l’alimentation, il est certain que le développement de cette nouvelle énergie favorise la surchauffe des cours des denrées alimentaires, même si la tenir comme unique responsable de cette flambée serait inexact.
Une chose est sûre, cette filière se développe en France comme à l’étranger, et représente de lourds investissements, les biocarburants représentant l’une des seules alternatives crédibles au pétrole dans les années à venir. Pour rappel, Richard Branson, le tonitruant patron de Virgin, vient d’annoncer sa volonté de consacrer près de 3 milliards de dollars chaque année pendant 10 ans au développement de ces biocarburants. Visionnaire ou provocateur, les deux peut-être?
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