Alors que l’industrie nucléaire française est en pleine croissance, elle défraye actuellement la chronique avec des incidents à répétition. Au-delà de l’exigence de transparence, la question des déchets est au coeur des enjeux d’aujourd’hui et surtout de demain.
Si l’énergie nucléaire possède de nombreuses vertues, elle a un gros défaut : ses déchets. Depuis 1949 et la naissance du tout premier réacteur expérimental français, ils se multiplient. Avec le développement de l’industrie nucléaire française, on estime que les 58 réacteurs de l’hexagone ont généré plus d’un million de m3 de déchets.
Si la question du volume pose problème, c’est que ces déchets nucléaires sont encombrants, voire très encombrants au regard de leur dangerosité et de leur longévité. Concrètement, l’utilisation de la radioactivité génère des déchets radioactifs, classés selon 2 critères. Tout d’abord l’intensité de la radioactivité. Elle conditionne l’importance des protections à mettre en place pour bien les gérer. Mais également la durée de vie de la plupart des radioéléments contenus. Elle définit leur durée de nuisance potentielle.
Jusqu’à 200.000 ans
L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, l’organisme responsable de la gestion de ces déchets nucléaires distingue par exemple les déchets à « très courte durée de vie » (- de 100 jours), les déchets à « courte durée de vie » (- de 30 ans) et enfin les déchets à « longue durée de vie » (supérieure à 30 ans). Ainsi les déchets radifères et graphites générés par les anciennes mines d’uranium et le démantèlement des premiers réacteurs français pourraient rester radioactifs jusqu’à… 200.000 ans.
C’est toute la difficulté de la mission de l’Andra qui organise les filières de stockage adaptées à chaque catégorie de déchets radioactifs. Concrètement l’Agence se charge de la collecte, du conditionnement, du stockage et de la surveillance des déchets issus des centrales nucléaires, des hôpitaux, des usines, des laboratoires de recherche, etc.
Une trentaine de sites
Au total, la France compte plus d’une trentaine de sites de stockage, dont notamment l’usine de retraitement de La Hague, le Centre de stockage de la Manche, Marcoule, Morvilliers et Soulaines, dans l’Aube ou encore le projet d’enfouissement de Bure dans la Meuse, qui pourrait accueillir les déchets les plus dangereux. Mais c’est loin d’être suffisant et l’Andra cherche parfois en France de nouveaux sites d’accueil, à grand renfort de subventions généreusement consenties aux communes qui acceptent d’accueillir ces déchets peu engageants.
Intéressée par les subventions de l’Andra et les promesses d’emploi, la région Champagne-Ardenne est l’une des régions les plus engagées dans l’accueil de ces déchets nucléaires. Malgré la forte opposition que ces stockages suscite, la région accueille ainsi à Morvilliers, sur 30 hectares, des milliers de m3 de déchets classés TFA, de très faible radioactivité, avec un potentiel de stockage estimé à 650.000 m3.
1 million de m3 en plus en 2020
En mal de décharges nucléaires, l’Andra prospecte donc la France pour trouver de nouvelles communes adaptées à ce type d’entreposage d’un style très particulier. Quand on sait que l’industrie nucléaire française va devoir dans les prochaines années procéder au démantèlement d’une grande partie de son parc, on comprend que le stockage de ces déchets décidément très encombrants représente un enjeu majeur.
On estime que le besoin de stockage de ces déchets nucléaires devrait représenter un volume d’environ 1 million de m3 à horizon 2020.
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