En retard sur ses voisins, la France a choisi de rattrapper son retard dans l’énergie éolienne. En investissant massivement dans l’éolien, cette énergie verte devrait représenter 10% de notre consommation nationale d’électricité en 2020. Une politique disproportionnée et dispendieuse selon l’étude que vient de publier l’Institut Montaigne dirigée par Claude Bébéar.
Pour Vincent Le Biez, auteur de l’étude « Eoliennes, nouveau souffle ou vent de folie ? », la note du Grenelle serait très salée. En s’engageant tête baissée dans un développement forcé de l’éolien, la France s’engagerait dans une politique très coûteuse. La facture devrait représenter un surcoût de 2,5 milliards d’euros par an à horizon 2020, pour la collectivité. De quoi faire réfléchir.
Installer 25.000 MW pour 2020 aurait donc un coût… particulièrement élevé. Car l’engagement du Grenelle ne pourra être tenu, qu’à grand renfort d’aides et de garanties en faveur de ce secteur. L’investissement initial représente un coût important et plutôt à la hausse aujourd’hui, avec l’augmentation du prix des matériaux et de la forte demande d’éoliennes partout en Europe. Concrètement, la facture s’élèverait à 1.300 ?/kW installé, avec un taux d’actualisation de 8% pour une durée de vie de 20 ans.
Et il ne faut pas négliger la facture d’entretien, du gardiennage et de l’assurance. Elle représenterait un coût entre 2 et 3% de l’investissement initial soit environ 30 ?/kW. Globalement, on considère que le coût de l’éolien est de 150 ?/kW/an.
163 ? kW/an
Mais pour l’auteur de cette étude, il ne faut pas oublier que cette énergie est par nature intermittente et imprévisible, et nécesssite donc une augmentation des réserves d’équilibrage. En effet, une éolienne ne tourne à pleine puissance qu’un quart du temps environ. En intégrant cette variable, la note de l’éolien terrestre s’élèverait à environ 163 ?/kW, 275 ? pour l’offshore, pour une puissance installée inférieure à 10 GW.
Dès lors si les objectifs du Grenelle sont atteints, c’est à dire 25 GW d’éolien installés d’ici 2020, avec une répartition de 17 GW de terrestre et de 8 GW d’offshore, le surcoût annuel représenterait 1 milliard d’euros sur la période 2008-2020 et dépasserait même les 2,5 milliards au-delà de 2020. Et cela sans compter la facture correspndante au redimensionnement des réserves d’ajustement, puisque la limite des 10 GW d’éolien serait alors largement dépassée.
Un surcoût de 100 ? par an et par foyer
Très concrètement, l’éolien occasionnerait un surcoût de 100 ? par an et par foyer. De quoi remettre en cause l’actuel tarif d’achat garanti qui représenterait « un soutien disproportionné à la filière éolienne » selon les termes même de l’étude. « Les taux de rentabilité sur fonds propres observés chez les promoteurs éoliens sont incontestablement disproportionnés par rapport au bénéfice qu’en tire la collectivité et se traduisent par des rentes de situations indues« .
L’Institut Montaigne rappelle qu’avec près de 77% de nucléaire et de 12% d’hydraulique, la France est le pays d’Europe a la production électrique la plus sobre en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Au regard de la situation particulière de la France et des surcoûts importants identifiés, l’étude de l’Institut Montaigne considère que le développement de l’énergie éolienne doit être reconsidéré mais pas abandonné.
L’étude du think tank français préconise donc le développement modéré de l’éolien en France, de l’ordre de 7 à 10 GW à moyen terme. Au-delà, « un arrêt des mécanismes de subvention publique s’impose« . Un point de vue évidemment pas du goût de la filière française de l’éolien.
« Pas conforme à la réalité »
Pour le président du Syndicat français des énergies renouvelables (SER), ces chiffres ne sont « pas conformes à la réalité« . Selon André Antolini ces évaluations font abstraction des analyses menées par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). « Le ministère de l’Ecologie et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) ne sont pas des gens irresponsables qui s’apprêtent à mettre en place une politique qui aboutirait à de tels surcoûts« , a-t-il expliqué.
> Pour en savoir + : Etude de l’Institut Montaigne
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