Réunis depuis jeudi à Vienne, le Groupe des fournisseurs nucléaires pourrait enfin autoriser officiellement l’Inde à construire de nouvelles centrales atomiques. Une décision stratégique attendue avec impatience par New Delhi comme par les grands du secteur comme Areva.
Regroupés à l’origine au sein du ?Club de Londres?, les 45 pays acteurs de la filière du nucléaire civil définissent ensemble depuis les années 70 une politique commune de contrôle des exportations de biens et de technologies nucléaires. L’objectif avoué de la NSG est d’empêcher un développement incontrôlé du nucléaire civil, énergie particulièrement sensible.
Le 1er ministre Manmohan Singh et son pays pourraient sortir les grands gagnants de cette réunion de Vienne. Engagées depuis déjà de nombreux mois, les discussions pourraient aboutir désormais prochainement. Le climat n’a jamais été aussi favorable depuis notamment l’autorisation accordée le mois dernier par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). En passe d’être renversé en partie à cause de ses positions pro-nucléaire, le gouvernement indien a également remporté une victoire politique fin juillet, le Parlement confirmant ainsi sa politique énergétique.
Histoire chargée
Il faut dire que l’Inde n’est pas un pays ordinaire en matière de nucléaire. Car New Delhi s’était affranchi de toutes les règles internationales en matière atomique, en développant un programme nucléaire et en procédant en 1974 à son premier essai nucléaire. Cette violation du Traité de non prolifération des armes nucléaires signé en 1968, qui interdit à ses signataires de se doter de l’arme atomique en dehors des 5 grandes puissances nucléaires (USA, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France) avait fait passer les indiens dans le camp des « délinquants » de la planète atomique, excluant l’Inde de toutes relations commerciales internationales avec les acteurs de cette filière.
Depuis la signature d’un accord entre les Etats-Unis et l’Inde, signé à Washington il y a un an, l’heure est désormais à la détente sur la question nucléaire. Mais la NSG prend ses décisions à l’unanimité et il fallait encore convaincre certains pays a priori très opposés à l’entrée officielle de l’Inde dans le concert nucléaire international. L’accord américaco-indien devait donc être expliqué et être convaincant. Il semble certains arguments comme la question des émissions de CO2 aient réussi à convaincre les plus réticents.
Marché considérable
Cette probable autorisation accordée à l’Inde par la NSG est attendue de longue date par les leaders mondiaux de la filière comme Areva, Westinghouse ou encore General Electric qui se verraient offrir un formibable terrain de jeu. A l’image de la Chine très active en matière atomique, l’Inde représente en effet un marché à fort potentiel.
Deuxième pays au monde le plus peuplé avec 1 milliard 100 habitants, l’Inde connaît une croissance particulièrement dynamique et a des besoins considérables en matière d’infrastructures modernes notamment énergétiques. Très dépendant du charbon, l’Inde souhaite tout simplement décupler la puissance de son parc nucléaire actuel. Le gouvernement indien passerait ainsi d’une puissance actuelle d’environ 4.000 mégawatts (MW) à 40.000 MW en 2020, puis 60.000 MW dix ans plus tard.
Discussions commerciales déjà engagées
Pour information le groupe Areva a déjà engagé des discussions depuis plusieurs années avec NPCIL, l’exploitant nucléaire indien, pour la fourniture de plusieurs nouveaux réacteurs. En compagnie de ses deux grands concurrents américains et le russe Rosatom, le français vient d’être présélectionné par les autorités indiennes pour un futur partenariat commercial dans le nucléaire civil.
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