Furieusement tendance il y a encore quelques mois, l’éolien subit actuellement des vents contraires. Confrontée à la forte hausse de ses coûts de fabrication, aux critiques de plus en plus vives des comités et autres associations de riverains, à des contraintes de production spécifiques, l’industrie éolienne tangue et pourrait subir la montée en puissance du photovoltaïque.
Comme un symbole. Theolia, l’un des spécialistes français de l’éolien vient de publier ses résultats pour le premier semestre 2008 en… forte baisse, accusant même une perte de 25 millions d’euros. Même si le cas de l’entreprise aixoise est assez particulier, l’énergie éolienne est actuellement remise en cause. Trop chère, trop « impactante » pour le paysage, trop peu efficace, cette énergie renouvelable qui avait toutes les vertus il y a encore peu, semble s’essouffler.
Les critiques viennent tout d’abord des premiers concernés par cette énergie, c’est à dire des riverains ou futurs riverains de ces grands mâts blancs. Les centaines de projets étudiés actuellement dans l’Hexagone rencontrent de plus en plus d’oppositions. Les comités et associations qui résistent à l’implantation de ces éoliennes se montrent de plus en plus nombreuses et efficaces.
Essentiellement de nature esthétique, la critique de ces groupements citoyens est rarement dogmatique, politique ou philosophique mais très concrète. Souvent majoritairement favorables aux énergies renouvelables et même à l’énergie éolienne, la plupart des opposants à l’implantation des éoliennes près de chez eux craignent une pollution du paysage et du patrimoine. C’est le fameux « not in my back yard » anglo-saxon (pas près de chez moi) qui concentre la majorité des opposants au développement des projets sur le terrain.
Un prix de rachat rémunérateur
Pourtant avec les incitations gouvernementales très favorables, le modèle économique de l’énergie éolienne n’est pas remis en cause. Avec l’objectif de 20 % d’électricité verte dans la consommation nationale en 2020, le prix de rachat par EDF de l’électricité produite par les éoliennes a été fixé en 2006 à 8,2 centimes le kWh pour au moins 10 ans, une tarification particulièrement intéressante et rémunératrice pour les exploitants.
Cependant la conjoncture actuelle pèse fortement sur cette énergie pourtant privilégiée et protégée. Avec la flambée du prix des matières premières, notamment de l’acier, les éoliennes coûtent beaucoup plus chères. Pour la même puissance, une turbine d’éolienne se vendrait aujourd’hui 50 % plus cher qu’il y a 5 ans. Et il faut rajouter à cette facture déjà salée, la marge importante que nombre de fabricants appliquent, profitant logiquement d’une forte demande peu regardante.
Taux de rendement en baisse
Et ce n’est pas tout. Au ticket d’achat d’une éolienne en forte hausse, doit également être intégré à la facture globale, les coûts d’installation des mâts qui flambent également. Les sites adaptés, avec des conditions de vent optimales, des élus conciliants, un voisinnage favorable… et pas encore équipés sont de plus en plus rares. Et comme ce qui est rare est généralement cher, l’installation des éoliennes représente un coût de plus en plus élevé, au point de faire passer baisser sensiblement son taux de rendement, désormais compris entre 6 et 9%, contre 8 et 13% en 2007.
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