Jean-Marie Santander, président de Theolia, groupe français indépendant producteur d’énergie éolienne. Après la publication de mauvais résultats, le cours de Theolia subit actuellement une forte correction à la Bourse, sur fond de nombreuses critiques de l’énergie éolienne.
Theolia vient de publier de mauvais chiffres au premier semestre 2008, comment les expliquez-vous ?
Les chiffres du premier semestre 2008 ne sont pas mauvais, bien au contraire : le chiffre d’affaires consolidé est en croissance de plus de 20% par rapport au premier semestre 2007 ; l’EBITDA consolidé est en augmentation de 12 millions d’euros. Certes, le résultat net est en baisse, mais cela s’explique simplement : premièrement, le Groupe avait enregistré un profit de dilution ponctuel de 20 millions d’euros au premier semestre 2007 contre un profit de dilution de seulement 0,6 millions d’euros au premier semestre 2008 et deuxièmement, la forte augmentation de la charge d’intérêt, majoritairement due à l’emprunt obligataire OCEANES d’octobre 2007.
La production d’électricité pour compte propre, c?ur de métier du Groupe Theolia, a quant à elle, enregistré une excellente performance avec un chiffre d’affaires en augmentation de 409% et un EBITDA, lui aussi en augmentation, de 472%.
Quelles sont les perspectives de votre groupe pour le second semestre 2008 ?
Compte tenu de notre décision de renforcer l’activité pour compte propre, l’année 2008 sera un exercice de transition avec un maximum de centrales éoliennes conservées en compte propre et un EBITDA d’un minimum de 20 millions d’euros.
Quelle est l’ambition de Theolia à moyen terme ? en France, en Allemagne, et plus généralement à l’international ?
Theolia se concentre sur un modèle unique de développement qui présente les plus fortes perspectives de croissance et de rentabilité à moyen et long terme. La vente d’électricité pour compte propre génère des revenus récurrents et prévisibles, ainsi qu’une marge d’EBITDA élevée sur une période de 15 à 20 ans.
La stratégie appliquée à son principal marché, l’Allemagne, sera désormais en ligne avec celle poursuivie dans l’ensemble des autres pays européens où Theolia est présent.
Pourquoi votre titre dévisse à la Bourse depuis le printemps dernier, de près de 25 euros à moins de 15 euros aujourd’hui ?
Il est toujours délicat de commenter le cours de bourse. Notre métier est la production d’électricité. Nous venons de réaffirmer notre stratégie à moyen terme avec notre objectif de 2.000 MW d’ici fin 2011, ainsi que la sécurisation de plus de 1.000 MW de turbines. Les investisseurs ont entre les mains tous les éléments pour affirmer leur confiance envers notre titre.
Votre groupe va-t-il de nouveau solliciter le marché pour financer votre développement ?
Notre activité étant fortement capitalistique, nous ne nous interdisons pas de faire appel au marché. Au 30 juin, le groupe disposait d’une trésorerie de 161 millions d’euros. Nous étudierons, le moment venu, les différentes options pour le financement de nos activités futures.
Les rumeurs d’OPA de Theolia sont-elles fondées ?
Il n’est pas dans la politique de la société de commenter les rumeurs de marché. Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes un actif intéressant pour des acteurs cherchant à acquérir une plateforme (de MW) et avoir accès à un pipeline prometteur. Notre capital « éclaté » fait de nous une cible pour une OPA. Notre objectif reste le développement indépendant de Theolia et la maximisation de la création de valeur pour nos actionnaires.
Vous annoncez la nomination prochaine d’un directeur général, s’agit-il d’une évolution de votre management ?
Absolument. Theolia souhaite se donner les moyens de sa croissance future. Nous avons déjà recruté deux directeurs généraux délégués, un à la finance et l’autre aux opérations ; l’étape suivante sera la dissociation des fonctions de Président et de Directeur Général d’ici juin 2009.
Je conserverai la présidence du Groupe afin de me concentrer sur la stratégie et la direction du Conseil et un nouveau Directeur Général prendra en charge la gestion opérationnelle du Groupe. Theolia s’organise et s’aligne ici sur les bonnes pratiques en matière de gouvernance.
Etes-vous inquiet du vent de critiques qui souffle sur l’éolien en France depuis quelques mois ?
Non. Ni plus ni moins qu’auparavant. Tout secteur d’activité doit faire face à ses détracteurs. L’éolien est une activité porteuse en France et à l’international. Rien, aujourd’hui, ne limite notre développement.
Un dernier message à vos actionnaires ?
Si nous voulons entrer dans le club des grandes « utilities », nous devons absolument sécuriser notre production d’électricité en propre en conservant un maximum de centrales éoliennes ; cette stratégie nous garantit des revenus sur la durée. Nos objectifs sont ambitieux, nous en sommes conscients, mais nous savons également que nos actionnaires soutiennent notre décision.
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