L’OMS a publié hier son rapport sur la santé dans le monde 2008. Ce dernier évalue de façon critique la manière dont les soins de santé sont organisés, financés et dispensés dans les pays riches et dans les pays pauvres partout dans le monde. Il pointe nombres d’échecs et d’insuffisances qui introduisent des déséquilibres dangereux dans l’état de santé de différentes populations.
Pour Margaret Chan, directeur général de l’OMS, « le Rapport sur la santé dans le monde décrit un moyen de venir à bout de l’inégalité et de l’inefficacité des soins de santé et ses recommandations doivent être prises en compte« . Avant d’ajouter, « un monde fortement déséquilibré en matière de santé n’est ni stable, ni sûr« .
Des inégalités
Ainsi, au terme d’un vaste examen de la situation, ce rapport intitulé « les soins de santé primaires – maintenant plus que jamais« , a mis en évidence des inégalités criantes en matière de résultats sanitaires, d’accès aux soins et de coût des soins de santé pour les patients. Les différences d’espérances de vie entre les pays les plus riches et les plus pauvres dépasse désormais 40 ans.
D’un point de vue mondial, les dépenses publiques de santé varient entre 20 dollars par personne et par an à plus de 6.000 dollars. Aujourd’hui, avec l’augmentation des coûts de la santé et la désorganisation des systèmes de protection financière, les dépenses personnelles de santé poussent désormais chaque année 100 millions de personnes sous le seuil de pauvreté.
Si des différences peuvent se faire sentir à l’intérieur même d’un pays, elles peuvent également intervenir au sein d’une ville. pour prendre l’exemple de Nairobi, le taux de mortalité des moins de cinq ans est inférieur à 15/1000 dans les plus beaux quartiers de la ville contre 254/1000 dans d’autres.
Des systèmes défaillants
Le rapport met également en évidence la défaillance de nombreux systèmes de santé qui ont cessé de mettre l’accent sur sur un accès équitable aux soins et qui ont perdu leur capacité d’investir des ressources de manière avisée et leur aptitude à répondre aux besoins et aux attentes des populations, en particuliers les plus défavorisés et marginalisés.
Le rapport précise sur ce point que des conditions « d’accès inéquitable, de coûts qui appauvrissent et d’érosion de la confiance dans les soins de santé constituent une menace pour la stabilité sociale« . Il préconise alors un retour aux soins de santé primaires. « Considérés à la lumière des tendances actuelles, les soins de santé primaires font de plus en plus figure de moyen avisé de remettre le développement sanitaire sur les rails, » assure le Dr Chan.
Retour aux soins primaires de santé
En préconisant un retour aux soins de santé primaires, l’OMS soutient que leurs valeurs, principes et conceptions sont plus pertinents que jamais. Plusieurs éléments confortent cette conclusion. Comme le relève le rapport, les inégalités en matière de résultats sanitaires et d’accès aux soins sont bien plus grandes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 1978.
Il arrive bien trop souvent que ce soient les gens riches et en meilleure santé qui aient le meilleur accès aux meilleurs soins, alors que les pauvres sont livrés à eux-mêmes. Les soins de santé sont souvent dispensés selon un modèle qui se concentre sur les maladies, sur les technologies de pointe et sur les soins spécialisés, la santé étant considérée comme le résultat d’interventions biomédicales et le pouvoir de la prévention largement ignoré.
L’OMS estime qu’un meilleur recours aux mesures préventives existantes permettrait de réduire la charge mondiale de morbidité de près de 70%.
Equité et efficacité des services
La stratégie de base pour affronter les inégalités consiste à tendre vers la couverture universelle dans un esprit d’équité, de justice sociale et de solidarité. L’équité et l’efficacité de la prestation des services sont les objectifs principaux.
Les soins de santé primaires offrent aussi le meilleur moyen de faire face à trois maux du 21e siècle: la mondialisation des modes de vies malsains, l’urbanisation rapide et anarchique, ainsi que le vieillissement de la population. Ces tendances contribuent à l’augmentation des maladies chroniques telles que cardiopathies et accidents vasculaires cérébraux, cancer, diabète et asthme, qui créent de nouvelles demandes de soins de longue durée et d’appui au niveau de la collectivité. Une approche multisectorielle est primordiale pour la prévention, car les principaux facteurs de risque de ces maladies sont extérieurs au secteur de la santé.
Comme le note le rapport, les systèmes de santé n’évoluent pas spontanément vers plus d’équité et d’efficacité. Des décisions politiques doivent être expressément prises. Les éléments et arguments avancés dans le rapport devraient les faciliter.
« En substance, nous encourageons les pays à revenir aux fondamentaux, » explique le Dr Chan. « Trente ans d’expérience suivis de près nous permettent de savoir ce qui fonctionne et vers quoi nous devons tendre, aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres.«
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