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Bâtiment : quelles solutions un an après le Grenelle de l’environnement ?

guy_vicente_shuco.JPGPar Guy Vicente, 58 ans, dirigeant de Schüco France, leader de l’enveloppe du bâtiment et développeur de solutions innovantes en matière de performances énergétiques, qui emploie près de 300 personnes pour un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros.

Le Grenelle de l’environnement a eu le mérite de rappeler l’urgence qu’il y avait à lutter contre le réchauffement climatique en y associant une forte volonté politique. Dans son sillage, de nombreux acteurs se sont ainsi engagés à mettre en oeuvre des actions concrètes allant dans ce sens. Mais, du discours aux actes, que sont devenues ces belles promesses un an plus tard ?

Si les particuliers, encouragés par une fiscalité attractive et des prêts à taux zéro, ont progressivement amorcé la révolution écologique au sein de leur habitat, force est de constater qu’il n’en va pas de même pour le secteur tertiaire. Alors que le bâtiment représente à lui seul 43% de la consommation d’énergie et 25% des émissions de CO2, on constate que peu de projets d’envergure, prenant véritablement en compte la dimension environnementale, voient le jour.

Certes, il y a consensus sur la nécessité d’agir, mais on peut légitimement s’interroger sur la portée des actions effectivement initiées et sur leur efficacité dans le temps.

Tout d’abord, il faut se donner les moyens de concrétiser ses ambitions et, en l’occurrence, accepter de payer le surcoût. De l’ordre de 3 à 5% sur le prix d’un loyer, ce surcoût n’est pas inacceptable, surtout au regard du défi que nous avons à relever, mais les investisseurs le refusent encore, craignant de voir leur clientèle s’amenuiser.

Une majorité d’investisseurs frileux trouve donc refuge derrière le Grenelle de l’environnement et attend que la loi impose des normes pour s’engager véritablement dans la voie de l’éco-construction. De même, les grands groupes, qui louent des milliers de mètres carrés, se dotent de quelques bâtiments « modèles », mais pas en quantité suffisante pour que cela ait un impact massif.

Pourtant, il y a urgence : la banquise continue de fondre et le niveau de la mer de monter avec toutes les conséquences que l’on sait. Nous sommes dans une logique de freinage de l’explosion de CO2, mais il faut passer à un processus plus radical encore et ce immédiatement. N’attendons pas l’intervention des pouvoirs publics et la mise en place de nouvelles réglementations. Et puis, soyons réalistes, n’oublions pas que l’humain n’est rien à l’échelle de l’univers : la Terre a déjà survécu à des cataclysmes et ce n’est pas elle qu’il faut sauver, mais bel et bien l’homme?

D’autant qu’il existe des solutions concrètes et immédiatement disponibles pour optimiser la gestion de l’énergie, mais aussi des systèmes de pilotage, et pour intégrer ces technologies au bâtiment.

Prenons l’exemple de l’Allemagne qui, depuis plus de 20 ans, mobilise sa population et ses entreprises pour trouver des solutions permettant de réduire leur impact sur l’environnement. Pays moteur en Europe en matière de bâtiments propres, elle a su investir dans ce domaine, développer une vraie chaîne technologique et créer des emplois, pendant que la France prenait du retard. Au-delà d’une simple volonté, c’est donc un véritable changement de mentalité qui s’impose !

Notre pays s’apprête-t-il à vivre une révolution dans ce domaine ? C’est souhaitable, car nous ne pouvons nous offrir le luxe de poursuivre sur cette voie. Et c’est tout à fait envisageable, puisque nous avons des atouts : un marché qui prend ses marques, des filières techniques qui se développent et une offre de services associés qui pourrait nous aider à faire la différence.

En 2009, le marché français du bâtiment écologique devrait connaître une croissance de 50 à 100% selon les types de produits. Les acteurs doivent donc se tenir prêts à pourvoir à une demande de plus en plus importante, notamment en ce qui concerne les équipements domestiques, mais aussi la production d’énergie photovoltaïque grâce à des centrales de puissance et des toits solaires par exemple. Nous allons également faire un saut technologique avec une nouvelle génération de produits, qui se feront plus miniaturisés, intégrés au bâtiment et accessibles.

Il est donc grand temps d’avancer concrètement vers un modèle d’architecture à la française avec des constructions plus intelligentes du point de vue environnemental. Sans oublier les avantages qu’il y a à investir dans ce type de bâtiment : économies sur le budget énergétique, plus-value à la revente, anticipation? Un mouvement de fond doit donc être initié et ce sont les utilisateurs qui montreront l’exemple en ne cédant pas sur ces exigences.

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