Un mauvais voisin est une calamité disait le poète grec Hésiode. Christian Vitse, patron de Vitse-Devarem, est certainement de cet avis. Son entreprise vient d’être placée en redressement judiciaire en raison des contraintes drastiques imposées par les riverains du site exploité par la société nordiste.
Privée de sa capacité de production, l’entreprise de Noordpeene vient d’être placée en redressement par le tribunal de commerce d’Hazebrouck. Spécialisée dans le recyclage de gravats et de produits de terrassement, Vitse-Devarem a désormais 6 mois pour définir un plan de continuation de son activité, avec un objectif prioritaire, changer de voisins.
« On nous a empêchés de travailler » dénonce Christian Vitse, patron de Vitse-Devarem qui précise sans nommer personne « dans l’environnement, c’est facile charger un dossier ». Et les faits semblent effectivement lui donner raison. Pourtant, l’entreprise de terrassement et de démolition muée en société de recyclage des résidus de travaux publics et divers produits de démolition et de terrassement semblait bien inspirée quand elle s’est lancée, il y a plusieurs années, dans l’exploitation du site basé à Houplin-Ancoisne, qui s’étend sur 10 hectares.
Valorisation innovante des gravats
Située sur une friche du Port de Lille, le site de Vitse-Devarem est destiné à la transformation de béton, de briques, et autres résidus de gravats pour les recycler en matériaux de construction. Innovant, peu gourmand en énergie, et permettant d’éviter l’enfouissement en valorisant les déchets du BTP, le procédé de l’entreprise nordiste a fait l’objet d’un brevet et avait même reçu en 2005 le Premier prix de l’environnement par la Fédération nationale des travaux publics.
Mais l’exploitation de Vitse-Devarem subit depuis plusieurs années l’opposition systématique des riverains du site qui stigmatisent le bruit et les nuisances diverses des camions et autres concasseurs de l’entreprise nordiste. Situé à proximité du Parc de la Deûle et de l’Espace naturel métropolitain qui devrait s’étendre pour protéger les nappes phréatiques, l’exploitation est également dans le viseur de la Préfecture, de la Drire et de certains élus.
Carnet de commandes plein
Suite à ces contraintes imposées devenues impossibles à respecter pour rester économiquement viable, l’exploitation du site a plongé l’entreprise dans l’abîme. « Malgré un carnet de commandes potentiellement plein, nous fonctionnons à peine à 20 % de nos capacités », souligne confie Christian Vitse. Désormais, en redressement judiciaire, l’entreprise à 6 mois pour trouver une solution et surtout un autre site qui accepterait de l’accueillir.
Vitse-Devarem a enregistré un chiffre d’affaires de 19 millions d’euros en 2007 avec une centaine de salariés. Revendiquant le recyclage de 3 à 4 millions de tonnes de déchets par an, Christian Vitse, dirigeant de l’entreprise attend désormais « un soutien de la communauté urbaine ». Dans l’immédiat, l’entreprise va se recentrer sur l’activité de terrassement, son métier d’origine.
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