Les résultats du groupe pétrolier risquent encore de faire jaser en ces temps de crise. Malgré une production d’hydrocarbures en baisse de 5%, la compagnie française a enregistré au 3e trimestre des bénéfices en forte hausse, de plus de 4 milliards d’euros.
Comme ses petits camarades Shell, BP ou ExxonMobil, Total se porte bien, très bien même. Le géant pétrolier a annoncé hier des profits record pour le 3e trimestre 2008. Concrètement, sans les effets de stocks et les éléments exceptionnels, le résultat net ajusté a enregistré le montant extraordinaire puisque historique de 4,1 milliards d’euros, représentant une hausse de 35% (48% en dollars) par rapport à l’an passé. En tenant compte de l’évolution de la valeur des stocks de pétrole, le bénéfice net recule en revanche de 2%, à 3 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 48,8 milliards, en hausse de 24%.
Ces résultats fortement bénéficiaires s’expliquent en grande partie par les records historiques du baril de brut, qui avait atteint plus de 147 dollars en juillet à Londres. Sur le trimestre considéré le prix moyen du baril de brent de la mer du Nord s’est échangé à 115,10 dollars, représentant une hausse de 54 % par rapport à la même période en 2007. Dans le même, Total a profité d’une très forte hausse de ses marges en matière de raffinage (+ 88 % sur un an), à la suite du passage des ouragans Ike et Gustav dans le golfe du Mexique et de la fermeture d’un certain nombre de raffineries dans la région.
« Après avoir atteint près de 150 dollars par baril en juillet, le prix du Brent a subi une forte correction et s’est établi à 115 dollars par baril en moyenne sur le trimestre. (.) Dans cet environnement de prix exceptionnellement élevés, le résultat net ajusté dilué par action exprimé en dollars de Total a progressé de 50% par rapport au troisième trimestre 2007 et de 6% par rapport au trimestre précédent« , a expliqué Christophe de Margerie, le patron du groupe.
Côté mauvaises nouvelles, les analyses s’inquiètent de la baisse de 5% de la production pétrolière du groupe. Total subit notamment les problèmes sécuritaires et techniques rencontrés au Nigeria mais aussi sur les champs d’Al-Jurf, en Libye, et de Bruce et Alwyn, en mer du Nord. Début septembre, la compagnie française a revu à la baisse son estimation de la croissance moyenne annuelle de sa production sur la période 2007-2016. Désormais, Total envisage une progression de sa production d’hydrocarbures de « seulement » 2 à 3% au lieu d’une hausse de 4% prévue initialement pour la même période.
Aucun report de projet pétrolier
La chute récente des cours du brut pourrait cependant changer les perspectives du groupe à court et moyen terme. La compagnie française envisage que l’environnement économique pourrait être durablement dégradé. Total n’a pas manqué de noter que depuis le début du quatrième trimestre, le prix du Brent est descendu aux environs des 60 dollars le baril.
Malgré une conjoncture devenue moins favorable, le groupe pétrolier n’envisage cependant pas de report de projet pétrolier. Interrogé par La Tribune, Patrick de la Chevardière, directeur financier du groupe Total se veut rassurant « Si nous devons retarder un projet (d’infrastructure pétrolière, ndlr), alors nous le retarderons, c’est aussi simple que ça. Mais pour le moment, il n’y a pas de risque significatif qu’un projet de long terme soit reporté ou retardé du fait de l’environnement actuel« .
Plus de 19 milliards de dollars de trésorerie
Total est « en très bonne forme, avec un bilan très solide et plein d’argent pour mettre en oeuvre sa stratégie« , a souligné Patrick de la Chevardière, rappelant que le groupe avait 19 milliards de dollars en trésorerie à la fin du troisième trimestre (13 milliards d’euros) auxquels il fallait ajouter « plusieurs milliards de dollars » en ligne de crédits disponibles et « 10 milliards d’actions Sanofi Aventis que nous vendons progressivement » d’ici à 2012.
Malgré ses très bons résultats, le grand pétrolier français a vu son cours reculer hier de 3,93 %, à 42,75 euros.
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