Le Projet EVAD (Evaluation de la durabilité des systèmes aquacoles) tient son séminaire final, les 24 et 25 novembre 2008 au Cirad de Montpellier. EVAD est partie prenante du Programme Fédérateur Agriculture et Développement Durable financé par l’Agence Nationale de la Recherche et associe le Cirad, l’Ifremer, l’Inra, l’IRD et l’Université de Montpellier I.
Jérôme Lazard, chercheur au Cirad et coordinateur d’EVAD affirme que « 2008 marque un tournant historique pour l’aquaculture. C’est la première fois que sa production est aussi importante que celle de la pêche ». Le chef de l’UPR Aquaculture et gestion des ressources aquatiques du Cirad précise : « les ressources halieutiques (liées à la pêche) ont atteint leur maximum, soit 90 à 95 millions de tonnes par an, l’aquaculture vient donc compenser une pêche qui a atteint son plafond ».
C’est justement l’Asie qui joue un rôle majeur (92% de l’aquaculture mondiale) avec une production dite « à chaîne alimentaire courte » soit des poissons d’eau douce comme les carpes et les tilapias qui se nourrissent essentiellement de végétaux. Les pays industrialisés du Nord élèvent des poissons de mer carnivores et « à chaîne alimentaire longue ».
Vers une aquaculture durable et participative
Portée par ce contexte de croissance rapide au niveau mondial mais hétérogène selon les zones géographiques, l’aquaculture croise de nombreuses questions globales mais aussi des questions très locales. C’est précisément ce qui a conduit le collectif de chercheurs EVAD à s’intéresser à la durabilité de cette activité agricole particulière, notamment au travers de sa « dimension territoriale ».
Des enquêtes de terrain approfondies ont été menées qui impliquaient tous les acteurs de la filière aquacole (producteurs, institutions régulatrices, services de recherche et d’encadrement, provendiers, distributeurs, etc.). Le contexte environnemental, économique et social ainsi que les particularités des gouvernances ont été pris en considération sur cinq zones d’études reflétant des enjeux contrastés pour l’aquaculture.
La Bretagne qui voit sa production intensive de truite d’eau douce se réduire tandis que s’intensifient les pressions réglementaires dans un contexte environnemental très contraint et une stagnation des marchés. La Méditerranée où la pression foncière et touristique sur la côte pousse à terme les systèmes de production en cage à évoluer vers d’autres modèles et qui se caractérise actuellement par des concentrations d’exploitations.
A l’étranger, Les Philippines dont les systèmes piscicoles côtiers extensifs (étangs saumâtres) s’inscrivent dans un contexte aquacole national fortement marqué par l’économie du pays. Le Cameroun où le développement de l’innovation piscicole est directement lié aux dynamiques de diversification des systèmes de production agricoles dans un contexte de changements sociaux et économiques profonds. Enfin, l’Indonésie dont la pisciculture artisanale s’insère le plus souvent dans d’autres activités agricoles ou non agricoles et dont le développement rapide peut soulever la question de son impact environnemental.
La démarche « EVAD »
Le séminaire final du projet Evad se propose d’effectuer une véritable restitution de toutes les opérations réalisées sur les terrains et de leurs résultats. Un « Guide de co-construction d’indicateurs de développement durable en aquaculture » a été réalisé et sera présenté aux participants durant le séminaire. Il reprend la logique du projet et la méthode générique « EVAD » d’analyse des facteurs du développement durable de l’aquaculture selon la démarché basée sur l’emboitement « Principes, Critères, Indicateurs ».
Comme l’explique Jérôme Lazard : « les diagnostics obtenus dans le cadre d’EVAD ne sont pas que la photographie d’une réalité donnée. Ils doivent constituer un outil d’aide à la décision en matière de pilotage des exploitations et de mise en ?uvre de politiques de développement durable ».
Le travail réalisé au cours du projet devrait permettre par ailleurs de consolider et d’élargir le groupe de recherche – organismes et équipes scientifiques du Nord et du Sud – ainsi que conforter la mise en ?uvre d’une approche interdisciplinaire et multi partenariale du développement durable de l’aquaculture sur de nouveaux terrains et d’autres systèmes de production agricoles.
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