Après l’annonce surprise d’un trou important dans la trésorerie d’Eco-Emballages, suite à des placements hasardeux, l’éco-organisme s’est exprimé hier pour clarifier la situation et témoigner de sa parfaite transparence sur cette affaire. S’il ne nie pas un souci financier, Eco-Emballages l’impute directement à la crise financière.
La société Eco-Emballages apporte donc des précisions sur une affaire de déblocage d’une partie de sa trésorerie investie dans deux fonds de placements non monétaires, liée à un problème de liquidités de l’organisme financier concerné, dans un contexte de crise financière. L’entreprise précise que, de manière naturelle et transparente, elle place l’argent collecté pour le faire travailler à 80% dans des placements sûrs, « en bon père de famille ».
Selon l’éco-organisme, ces placements concernent environ 20% de sa trésorerie globale, soit 55 millions d’euros, et ne relèvent d’aucune forme d’illégalité ou de malversation de la part d’Eco-Emballages. La société n’a par ailleurs jamais donné d’ordre de virement vers des banques autres qu’européennes.
Pour Anne de Lander, responsable de la communication d’Eco-Emballages, « la situation de trésorerie d’Eco-Emballages est saine et n’engendre aucune remise en cause du respect de ses engagements vis-à-vis des parties prenantes », et notamment des collectivités locales sur le court, moyen et long terme. Les produits financiers générés depuis 1993 ont été affectés au financement de la collecte sélective, dans le cadre du contrat d’Eco-Emballages avec les collectivités locales.
Dès le 21 avril 2008
Selon l’éco-organisme, dans un contexte financier incertain, le Conseil d’Administration d’Eco-Emballages aurait anticipé dès le printemps dernier, afin de débloquer certaines positions. Il aurait ainsi pris la décision, lors de sa séance du 21 avril 2008, de procéder immédiatement à un désengagement total des placements non monétaires.
La Direction Générale d’Eco-Emballages aurait mis en ?uvre la décision du Conseil d’Administration dans les jours suivant celui-ci, avec des dates d’exécution s’échelonnant entre mai 2008 et mars 2009, certaines cessions devant respecter un délai de préavis. Alors que certaines positions auraient été bien débloquées, conformément au calendrier défini, puis immédiatement placées en produits monétaires, deux autres fonds qui auraient du être libérés à cette date, ne l’auraient pas été. La Direction Générale en aurai été informée à la fin du mois de novembre 2008.
3 mesures engagées
Dès constatation du non respect des ordres d’exécution par l’organisme financier, la Direction Générale d’Eco-Emballages a informé le Conseil d’Administration et pris contact avec les gestionnaires des fonds, afin d’obtenir exécution de ses décisions. Trois mesures principales ont été mises en ?uvre. Tout d’abord, des négociations ont été engagées afin d’envisager un déblocage échelonné, l’organisme financier étant confronté à une problématique de liquidités.
Ensuite, en accord avec le Conseil d’Administration, la Direction Générale d’Eco-Emballages a mis en place une expertise financière pour évaluer les solutions techniques les plus appropriées. Les résultats de cette expertise sont attendus pour le 15 décembre 2008. Enfin, parallèlement, Eco-Emballages étudie les modalités de recours contentieux afin de faire valoir ses droits auprès de l’organisme financier concerné.
Convocation chez Jean-Louis Borloo
Convoqué hier par un Jean-Louis Borloo « scandalisé » qui souhait obtenir des éclaircissements, Bernard Hérodin, directeur d’Eco-Emballages, aurait pourtant prévenu rapidement le MEEDDAT de la situation. Selon l’éco-organisme, le ministère de l’écologie, principal ministère d’agrément d’Eco-Emballages, aurait en effet été informé par l’éco-organisme, qui se serait engagé à lui rendre compte des décisions prises avant le 15 décembre, vis-à-vis de la situation et des règles de gestion de la trésorerie de la société.
Agréé depuis 1993 par les pouvoirs publics, Eco-Emballages organise le tri et le recyclage des emballages ménagers en France. En 2008, 1.331 collectivités locales représentant 98,5% des 36.000 communes françaises seraient en contrat avec l’éco-organisme dirigé par Bernard Hérodin. Environ 47.000 entreprises représentant 180 secteurs industriels français contribueraient au financement du dispositif de collecte sélective, au travers du Point Vert. Au total, 95% de ces contributions seraient reversées aux collectivités locales.
Instance de régulation
Prévu à l’origine dans le premier projet de loi du Grenelle de l’environnment mais finalement pas retenue pour l’instant, la création d’une instance de régulation des éco-organismes pourrait se révéler judicieux, voire indispensable à l’avenir.
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