Si depuis des siècles, les chercheurs d’or font rêver, on connaît moins les ravages qu’ils occasionnent sur l’environnement et leur propre santé. Français et Brésiliens viennent de s’engager à lutter contre cette pollution inquiétante.
Le WWF salue l’accord que viennent de signer la France et le Brésil, qui constitue « indubitablement un pas dans la bonne direction pour lutter contre un drame humain et environnemental qui menace une des régions les mieux conservées d’Amazonie« . Suivant l’exemple des politiques, le WWF Brésil et le WWF France travailleront ensemble dans les prochains mois et années pour accompagner sur le terrain la mise en ?uvre de la coopération transnationale.
Les Présidents Lula et Sarkozy ont signé le 23 décembre 2008 un accord bilatéral de coopération en matière de lutte contre l’orpaillage illégal en Amazonie. Le WWF se félicite d’un tel rapprochement, dont la mise en ?uvre sera suivie et appuyée par le WWF Brésil et le WWF France. L’initiative bilatérale vise en effet à fournir des réponses concrètes au plus important problème socio-environnemental des Guyanes.
La Guyane durement touchée
Depuis la fin des années 1990 et la hausse du cours de l’or, la Guyane française compterait entre 3.000 et 15.000 « garimpeiros » travaillant illégalement sur son territoire. Face à ce constat, le président de la République française avait lancé, en février 2008, les « opérations Harpie », censées limiter cette véritable ruée vers l’or. Mais dans les faits, l’opération Harpie n’a eu qu’une durée de vie limitée à quatre mois.
Par ailleurs, l’absence de réelle coopération trans-frontalière avec le Brésil n’a pas permis d’enrayer les flux d’approvisionnement logistique de l’orpaillage clandestin, impactant notamment le Parc Amazonien de Guyane et les communautés autochtones. Naturellement riche en mercure, 8 fois plus présent en moyenne que sur le sol européen, la Guyane Française est particulièrement touchée par ce problème.
Un double fléau
Pour produire 1 kg d’or, les orpailleurs clandestins utilisent à minima 1 kg de mercure, mettant en péril leur santé, et celles des populations locales avoisinantes. Les effets neurotoxiques de ce métal sont en effet avérés, et la teneur naturellement élevée de ce métal dans les sols du plateau des Guyanes font du moindre rejet anthropique une menace sanitaire forte sur les populations et les écosystèmes forestiers et aquatiques. Le WWF estime que chaque année, 30 tonnes de ce poison sont ainsi déversées dans les milieux naturels des Guyanes.
Dans les exploitations intensives d’or du sol et des alluvions, notamment dans les forêts tropicales, les orpailleurs amalgament les petites paillettes à l’aide de mercure, lequel est ensuite extrait par chauffage et évaporation. Si ces orpailleurs pourraient avec un simple alambic récupérer le mercure évaporé, mais ils le font très rarement, et l’intégralité de leur mercure pollue l’environnement.
Dans les rampes ou « sluices », les très fines particules d’or sont mises en contact avec du mercure (sur les tasseaux en fin de rampe) pour s’amalgamer ensemble. Une partie de ce mercure est emporté avec les stériles ou absorbé sur de la matière organique et se retrouve directement dans les rivières.
Pollution toxique pour la santé et l’environnement
Si les premiers intoxiqués par le mercure sont les orpailleurs eux-mêmes qui en respirent les vapeurs quand ils le distillent, cet orpaillage au mercure pollue également l’air puis les brumes, rosées et pluies, les sols et la chaîne alimentaire comme les poissons et les coquillages. Le mercure est toxique majeur, même à faible dose et sous toutes ses formes.
Le WWF vient de réaliser un survol aérien de sites témoins, situés au c?ur du Parc Amazonien, et toujours impactés par ce fléau. Au 13 décembre 2008, les chantiers clandestins étaient en effet toujours nombreux en amont des principaux affluents de l’Approuague, et autour du village de Camopi, dont les habitants avaient souhaité s’inscrire dans le c?ur du Parc National de Guyane, en vue de limiter leur exposition aux problèmes liés à l’orpaillage clandestin.
« L’activité aurifère illégale est un véritable problème social et environnemental. Sans le contrôle des gouvernements, les dégâts environnementaux, notamment sur les écosystèmes aquatiques, deviennent d’énormes problèmes de santé publique. Comme il s’agit d’une menace transnationale, il est indispensable d’y répondre par la coopération bilatérale« , a déclaré Carlos Alberto de Mattos Scarmuzza, du WWF Brésil.
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