La Criirem vient de publier une enquête sur la santé des riverains et des élevages des lignes à très haute tension (THT). Les résultats significatifs communiqués par le Centre de recherche et d’information font d’ores et déjà polémique.
Le Centre de Recherche et d’Information Indépendantes sur les Rayonnements Electro Magnétiques rappelle que la France compte près de 13.000 km de couloirs de lignes à très haute tension (THT) comportant 21.000 km de lignes. Depuis déjà plusieurs années, de nombreuses interrogations se posent sur l’impact de ces équipements sur les conditions de vie des riverains vivant à proximité, voir même directement en-dessous.
A l’issue du débat public sur le projet de ligne THT Cotentin-Maine résultant de la construction du nouveau réacteur (EPR) à Flamanville, la coordination interrégionale Stop-THT (Stop-THT), qui regroupe les collectifs d’associations des trois départements concernés, a décidé de conduire sa propre enquête à proximité de lignes existantes, sous l’autorité du conseil scientifique du Criirem. Pour le Centre de recherche, cette initiative citoyenne est une première en France non seulement sur ce sujet mais également par le nombre de foyers enquêtés.
Anomalies dans les élevages
Au regard de cette enquête, il apparaît clairement que dans la plupart des élevages situées dans les zones fortement et moyennement exposées, les anomalies suivantes sont constatées dans les élevages : agressivité et nervosité ; agitation lors de la traite laitière, irrégularité de la quantité de lait produit ; diminution de poids et ralentissement de la croissance. Pour la Criirem, ces constations sont conformes avec les conclusions du Rapport du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, rédigé par les inspecteurs Généraux Dominique Blatin et Jean-Jacques Benetière, intitulé « Influence sur les élevages, des champs électromagnétiques induits par les lignes électriques à haute tension » daté du mois de décembre 1998.
En effet dans la conclusion du Rapport du Ministère, il est clairement indique que « Les lignes HT peuvent être à l’origine de tension et de courants parasites nuisibles à l’élevage de différentes façons. Par induction dans les objets ou matériaux conducteurs avec lesquels les animaux sont plus ou moins en contact (effet indirect des CEM). Par les courants de fuite qu’elles peuvent générer dans des cas accidentels où les isolations et les mises à la terre réglementaires ne fonctionnent pas normalement. »
Dépression, vertiges, nausées…
En ce qui concerne les impacts des lignes THT sur la santé des riverains, les résultats de l’enquête de la Criirem apparaissent également significatifs. La population exposée se déclarent ainsi plus dépressive (15,8% contre 7,9% pour la population non exposée), sujette aux « vertiges » (18,1% contre 10,3%), aux « nausées » (11,7% contre 6,7%), aux « problèmes cutanés » (15,2% contre 9,4%), aux « perturbations auditives » (22,6% contre 14,5%), sujette à l’« irritabilité » (50,6% contre 34,9%), victime d’un « sommeil perturbé » (51,5% contre 36,2%), de « maux de tête » (43,9% contre 31,1%), de « troubles digestifs » (26% contre 18,5%), de « difficultés ce concentration » (28,7% contre 20,8%), et enfin de « perturbations visuelles » (24,7% contre 20,4%). La Criirem souligne ne pas avoir observé de diminution significative des symptômes jusqu’à 300 m de l’axe des lignes chez la population exposée.
Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité a immédiatement réagi à ces résultats accusateurs, en remettant en cause la crédibilité scientifique de ce rapport. Répondant à RTE, Catherine Gouhier, Responsable laboratoire mesure du Criirem reconnait que ce n’est « pas une étude scientifique mais une enquête citoyenne » tout en soulignant qu’ « il y a des problèmes ». Elle précise que, de manière suprenante, c’est la première fois que les riverains de ces lignes THT étaient questionnés et écoutés et n’ayant « jamais trouvé d’interlocuteurs pour en discuter ».
Sensibiliser les pouvoirs publics
Tout en reconnaissant les limites de leur enquête, la Criirem considère que les résultats obtenus ne peuvent toutefois être ignorés. Le Centre de rechercher et d’information espère que son rapport permettra de sensibiliser les pouvoirs publics aux impacts des lignes THT, et pourra déboucher sur une véritable étude épidémiologique et sanitaire sur cette question sensible.
> Pour en savoir + : Enquête « Vivre avec une ligne THT ? » (pdf)
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